Ancienne entrepreneuse, aujourd'hui présidente de la région des Pays de la Loire, Christelle Morançais incarne une voix engagée dans le débat économique national. Largement critiquée par certains, elle se positionne comme une défenseuse ardente de la compétitivité économique, s'opposant vigoureusement à ce qu'elle considère comme une augmentation excessives des taxes pour l'année 2026. Pour elle, la situation actuelle est tragique, témoignant d'un pays où la responsabilité politique est abandonnée et où les entreprises sont mises à mal. Dans un entretien révélateur, elle partage ses inquiétudes et ses réflexions sur les enjeux économiques du pays.
EN BREF
- Christelle Morançais dénonce une politique fiscale destructrice pour les entreprises.
- Elle appelle à la responsabilité concernant les déficits et la dette nationale.
- Un plaidoyer fort en faveur d'une compétitivité économique renouvelée.
Lors d'une récente tribune dans L’Express, plus de 1 000 chefs d’entreprise exprimaient leur désarroi face aux décisions fiscales prises par le gouvernement. En tant qu'ancienne chef d’entreprise, Christelle Morançais se montre particulièrement sensible à ces préoccupations. "Cela fait 40 ans que nos entreprises souffrent de politiques qui nuisent à la compétitivité", affirme-t-elle. Elle critique la tendance, souvent observée dans certains milieux, de faire de la critique des patrons un sport national. Selon elle, la réalité économique doit absolument être prise en compte : "C'est un contresens économique total" lorsque l'on voit ces entreprises familiales, piliers de l'économie, menacées par des réformes inadaptées.
Les témoignages des entrepreneurs sont de plus en plus fréquents. Lors de ses visites dans les Pays de la Loire, Morançais se rend compte de l'ampleur des difficultés rencontrées par les entreprises. Récemment, elle a visité une minoterie à l'identité familiale forte, qui illustre parfaitement les enjeux actuels. À la tête de cette PME de 320 employés, la jeune dirigeante de 24 ans est confrontée au même défi : la survie de sa société dans un cadre législatif de plus en plus contraignant.
Morançais soulève également des points cruciaux concernant les décisions récentes de l'Assemblée nationale. Elle relaye son indignation face à la décision de suspendre la réforme des retraites, un acte qu'elle qualifie de trahison vis-à-vis des jeunes générations : "Nous leur disons que leur avenir n’a aucune valeur pour nous… Cela constitue un véritable affront." Avec un rapport de 1,7 actif pour un retraité, elle explique qu'il est évident que ce système ne peut perdurer sans un réajustement des politiques fiscales.
Elle souligne que la discussion sur le budget devrait aller au-delà des compromis : "Nous n'avons pas besoin de compromis, mais de courages." Dans un contexte où le déficit dépasse 170 milliards d'euros, il serait irresponsable d'ignorer la situation critique de l'économie. Morançais émet ainsi un appel vibrant à chercher des solutions responsables plutôt que de tourner en rond.
Puis, sur une note plus politique, elle aborde le climat de la démocratie française, en soulignant que la stabilité politique actuelle pourrait en fait masquer un immobilisme dangereux. La dissolution récente de l'Assemblée nationale, survenue dans un contexte de tensions croissantes, devrait être mise en perspective pour évaluer ses conséquences.
Concernant l’éventualité d’une démission du président Emmanuel Macron, Morançais se positionne de façon claire : "La clé des institutions, c'est le président". Il s'agit selon elle d'un devoir moral envers le pays. Dans un monde en évolution rapide, avec de tels enjeux géopolitiques, la France ne peut se permettre de rester passive face aux menaces extérieures.
Les compétences, les salaires et l'innovation sont au cœur de son propos. Au lieu de s'attarder sur des solutions symboliques et partiellement efficaces, elle plaide pour un renouveau de la compétitivité qui passe par un assouplissement fiscal et réglementaire, permettant ainsi aux entreprises de se développer dans un environnement plus favorable.
Christelle Morançais reste convaincue que la France a besoin de propositions audacieuses. La vision d’un “deal fiscal inédit” proposé par Édouard Philippe, qui cherche à alléger les impôts des entreprises tout en réduisant les aides, fait partie d'une démarche qu'elle soutient pleinement. "Il n'y a pas de temps à perdre", conclut-elle, appelant à une action immédiate afin d'assurer un avenir tranquille et prospère pour les générations à venir.