À l'approche de l'automne, les débats politiques français se focalisent souvent sur l'avenir du système des retraites. Toutefois, un autre enjeu tout aussi crucial, celui de la planification écologique, semble subir des reculs alarmants. Depuis le début de l'année, les avancées vers une société plus verte sont au point mort, remettant en question les promesses faites en matière d'écologie.
EN BREF
- La planification écologique en France est à l'arrêt depuis 2023.
- Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre deviennent inaccessibles.
- Les décisions budgétaires mettent en péril les ambitions environnementales du gouvernement.
Au printemps dernier, le Parlement a même réintroduit l’acétamipride, un insecticide néonicotinoïde, marquant une régression regrettable. Cette décision intervient alors que des mesures phares de la loi Climat et résilience de 2021, telles que les zones à faibles émissions et la notion de zéro artificialisation nette, sont progressivement affaiblies. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : au premier trimestre de 2025, la baisse des émissions de gaz à effet de serre est devenue de moins en moins tangible et, à l’heure actuelle, la France se montre de moins en moins capable de réduire ces émissions de 55 % d'ici à 2030, seuil crucial avant d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
Lors de la campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron avait promis de mener une planification écologique audacieuse en vue de conquérir le « combat du siècle », un projet que beaucoup jugeaient avant tout électoraliste pour séduire l'électorat de gauche. Pourtant, des initiatives ont été actées par l'Élysée, avec une organisation minutieuse : Matignon s’est vu confier la responsabilité de cette mission, flanqué de deux ministères (transition écologique et transition énergétique) et d'un secrétariat général dédié à la planification écologique. Chaque secteur devait se doter d'un plan de décarbonation à l’horizon 2030. Même le ministère des Finances a embauché des experts pour aborder les enjeux climatiques.
Néanmoins, la mise en œuvre de ces engagements a rencontré de nombreuses obstacles. Emmanuel Macron, pour éviter des réactions négatives de l’opinion publique, n’a quasiment plus évoqué ces questions écologiques, contrairement aux enjeux de défense qui bénéficient d'une attention soutenue. À l'heure actuelle, aucun cadre législatif finement élaboré, tel qu'une loi de programmation, n'encadre les investissements nécessaires. Bien que le budget vert ait connu des avancées à l’automne 2023, des coupes budgétaires ont été imposées sur les aides à la rénovation des logements et sur les subventions accordées aux collectivités locales.
Faiblissant face aux diverses élections législatives et sans réelle volonté politique pour affronter les lobbys, le gouvernement a mis de côté des textes essentiels pour de nombreux secteurs, comme la troisième programmation pluriannuelle de l'énergie. L'effritement de l’Assemblée nationale, la montée de l'extrême droite et l'instabilité politique ont également freiné toute vigueur dans la planification écologique.
Les répercussions de ces renoncements sont conséquentes. En négligeant ses engagements, le personnel politique véhicule le message qu’il est dans l’incapacité de projeter un avenir à long terme face aux menaces évidentes du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité. Ce lâchage d’ambitions essentielles réduit ces enjeux à des discours vides, tandis que les alertes des scientifiques continuent à s’intensifier. Ces décisions risquent de compromettre l'avenir de notre société au profit des générations à venir.