Les alertes et les études s'accumulent, mais les comportements des jeunes semblent peu changer. Ces derniers jours, des enquêtes ont révélé une réalité peu reluisante : les adolescents sont toujours autant accros à leurs écrans, notamment aux réseaux sociaux. Une étude récente de l’Arcom, l’autorité de régulation des communications électroniques et des postes, révèle que 99 % des jeunes âgés de 11 à 17 ans utilisent au moins une plateforme en ligne. Cette tendance est alarmante, d'autant plus que l'âge d'accès aux réseaux sociaux tend à baisser. En effet, même s'ils ne sont pas censés les utiliser avant l'âge de 13 ans, 22 % des enfants de 11 ans déclarent avoir utilisé les réseaux sociaux avant leur dixième anniversaire, un chiffre en hausse comparé aux 4 % chez ceux qui ont maintenant 17 ans.
EN BREF
- 99 % des adolescents de 11 à 17 ans utilisent des réseaux sociaux, malgré les restrictions d'âge.
- Les jeunes développent peu à peu leur esprit critique, mais doivent encore apprendre à naviguer entre fausses et vraies informations.
- Le défi majeur réside dans la confiance envers les médias et l'éducation à l'info.
Face à cette situation, il serait peut-être plus pertinent d’aider les adolescents à développer leur esprit critique plutôt que de tenter d'imposer des restrictions qui, visiblement, ne fonctionnent pas. C'est l'objectif de travaux menés par Grégoire Borst, neuroscientifique et directeur du Laboratoire de psychologie du développement et de l'éducation de l'enfant (LaPsyDé). Au cœur de son approche, il s'agit d'aider les jeunes à comprendre leurs biais cognitifs, ce qui peut grandement améliorer leur capacité à discerner le vrai du faux.
Dans un entretien, Grégoire Borst a cité les résultats d’une étude qu'il a récemment publiée, qui vise à évaluer les compétences des adolescents face à la désinformation. Bien qu'ils reconnaissent généralement les mécanismes des réseaux sociaux et les dangers des fausses informations, il a observé que leur capacité à discernement varie considérablement en fonction de l'âge. Par exemple, en classe de sixième, les élèves peinent à distinguer le vrai du faux, tandis qu’en fin de collège, certains montrent une amélioration, mais restent limités.
Les résultats de cette étude ont été établis à partir d'un échantillon de 432 jeunes âgés de 11 à 14 ans, auxquels on a présenté des informations vraies et fausses dans des domaines qu'ils connaissent bien. L'évaluation de ces informations s'est faite sur une échelle de 1 à 4, permettant ainsi de présenter un constat saisissant : les compétences d'analyse n'apparaissent souvent qu'à partir de la cinquième. Cela souligne l'importance de la mise en place d'un enseignement plus approfondi consacré au développement de la pensée critique.
Pour ce faire, il est essentiel de former les jeunes non seulement à se méfier des sources, mais également à comprendre que leur cerveau a des limites dans le traitement des informations. Fournir des outils pédagogiques permettant aux élèves de découvrir comment ils pensent peut les aider à prendre des décisions plus informées.
Parce que les adolescents sont particulièrement influençables, il est crucial de leur enseigner à prendre du recul face aux informations. Les biais de confirmation, par exemple, les poussent souvent à privilégier les informations qui confirment leurs croyances préexistantes. Cette tendance, couplée à l'attrait pour les informations sensationnalistes, les rend vulnérables.
Les expériences montrent qu'un enseignement limité peut parfois conduire à un scepticisme excessif. Une étude menée auprès de collégiens a révélé que certains d'entre eux, après avoir été sensibilisés à la désinformation, développaient une défiance envers des informations véridiques. Ainsi, l'enjeu consiste à les former à reconnaître les vraies informations tout en développant leur sens critique. De nombreuses sources d'information fiables existent ; il est essentiel de leur faire comprendre que le travail des journalistes repose sur des processus de vérification rigoureux.
Il convient également de mentionner l'importance de la confiance dans les médias. En leur apprenant à faire la différence entre les médias provenant de sources vérifiées et ceux qui ne le sont pas, vous leur offrez des outils précieux pour naviguer dans l'immense océan d'informations qui les entoure.
Les parents jouent, ici, un rôle clé. Ils peuvent en effet expliquer leurs propres choix médiatiques et inciter leurs enfants à s'abonner à des journaux grand public. Lorsque cela est possible, des abonnements à des publications telle que Mon Quotidien peuvent également encourager les jeunes à s'habituer à la lecture de contenus informatifs et pertinents. De plus, la confiance en leurs propres capacités intellectuelles doit également leur être inculquée, leur permettant de détecter des informations douteuses.
Enfin, l'émergence de l'intelligence artificielle et des grands modèles de langage, comme ChatGPT, soulève des interrogations quant à leur impact sur la pensée critique des adolescents. Il est nécessaire de leur rappeler que même avec les technologies les plus avancées, l'apprentissage reste primordial. Les adolescents doivent comprendre que ces outils, bien qu'utiles, ne doivent pas les remplacer dans leur quête de connaissance et de discernement.
Il apparaît donc que, bien que les jeunes soient souvent perçus comme des consommateurs de contenus numériques passifs, ils possèdent une conscience aigüe des dangers des outils numériques. Cela semble prometteur pour la mise en place d'initiatives éducatives visant à renforcer leur capacité à repérer la désinformation. À nous d'engager cette réflexion.