Coup de tonnerre ce mardi 7 octobre : l'ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron, Édouard Philippe, a appelé sur RTL le président à organiser une élection présidentielle anticipée après l'adoption du budget 2026. Son objectif : sortir le pays de la crise politique "d'une manière ordonnée et digne". Honni par les deux bords politiques, le chef de l'État est pressé de démissionner par ses amis et menacé de destitution par ses opposants. Quelle serait la possibilité d'une telle élection anticipée et comment se déroulerait-elle ? Décryptage.
EN BREF
- Édouard Philippe propose une élection présidentielle anticipée pour sortir de la crise politique.
- Le processus de destitution du président est complexe et peu probable.
- L’élection anticipée devrait se dérouler dans un délai de 20 à 35 jours après une vacance de la présidence.
L'absence de texte juridique clair rend la situation délicate. Selon l'article 7 de la Constitution, qui régit le cadre de l'élection présidentielle, la "vacance de la Présidence" n'ouvre pas automatiquement la voie à une campagne électorale. Pour que cela soit possible, Emmanuel Macron devrait effectivement démissionner, entraînant ainsi la vacance de son poste.
Concernant la procédure de destitution, elle est régie par l'article 68 de la Constitution et n'a jamais été mise en œuvre. Pour qu'une motion de destitution soit déclenchée, il est impératif d'obtenir l'aval du bureau de l'Assemblée nationale et de la commission des lois. Ensuite, les deux tiers des élus de l'Assemblée et du Sénat doivent voter en faveur. Les chances que cette motion progressent sont considérées comme minimes, car la tentative récente par la France Insoumise n'a pas même atteint le bureau.
Dès qu'une vacance est déclarée, un nouvel scrutin doit être organisé entre 20 et 35 jours. Ainsi, la campagne serait d'une durée considérable, allant de 20 jours avant le premier tour. Les candidats devront une nouvelle fois rassembler les célèbres 500 signatures d'élus afin d'officialiser leur candidature.
La gestion de la France en campagne
Au moment de la vacance de l’Élysée, la responsabilité de l'intérim reviendrait au président du Sénat, Gérard Larcher. Cela signifie que toutes les fonctions du président, à l'exception des décisions concernant les référendums et la dissolution de l'Assemblée, seraient entre ses mains. Cette situation n'est pas inédite ; elle s'est déjà produite à deux reprises, à savoir lors de la démission de Charles de Gaulle en 1969 et du décès de Georges Pompidou en 1974.
Dans l'éventualité où Gérard Larcher ne pourrait pas assumer cette fonction, le gouvernement en place prendrait les rênes, assurant ainsi la transition en douceur jusqu'à la tenue des élections.
La candidature d'Emmanuel Macron
La question se pose : Emmanuel Macron pourrait-il se représenter ? La réponse semble sans appel. Selon l'article 6 de la Constitution, "Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs". En clair, une démission ne lui ouvrirait pas la porte à un nouveau mandat, même si celui-ci était prématurément interrompu. Une élection présidentielle anticipée élirait donc un président pour une durée complète de cinq ans, et non pour les deux années restantes du mandat actuel.
À noter que si Emmanuel Macron choisit de dissoudre l'Assemblée nationale avant de démissionner, le nouveau président devrait composer avec les nouveaux rapports de force qu’impliquerait cette chambre basse, réputée ingouvernable. Cela pourrait conduire à un réel changement dans l'échiquier politique français.