Un vaste réseau de déversements illégaux de déchets a été mis à jour, révélant une affaire qui s’étend sur plusieurs départements du Grand-Ouest, avec un préjudice estimé à quatre millions d'euros.
EN BREF
- Un chef d'entreprise et sa fille placés sous contrôle judiciaire pour déversements illégaux.
- Enquête débutée en 2019, visant des décharges non réglementées sur plusieurs départements.
- Préjudice de quatre millions d'euros, avec un impact écologique sévère.
Le 2 décembre, un père de 61 ans, dirigeant d’un groupe de sociétés de traitement des déchets, et sa fille de 33 ans, détentrice de 30 % des parts de l'entreprise, ont été placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés d'avoir déversé 20 000 tonnes de déchets illégalement sur de nombreux sites, allant de la Basse-Normandie aux Deux-Sèvres, sur une période de neuf ans. Le préjudice total est évalué à quatre millions d'euros. Le parquet d'Angers a confirmé leur mise en examen et leur placement sous contrôle judiciaire le 4 décembre.
Cette affaire a été déclenchée par une enquête débutée en avril 2019, suite à la découverte d’une pollution des eaux à Saint-Jean-sur-Mayenne, causée par le déversement illégal de déchets provenant d'un camion hydrocureur appartenant à une entreprise locale. Le procureur de la République d'Angers, Eric Bouillard, a expliqué que cette situation alarmante résulte d'un manque flagrant de respect des normes environnementales.
Les différentes sociétés du groupe étaient censées fournir des services de gestion des déchets aux collectivités et aux particuliers à des tarifs très concurrentiels. En réalité, il s'est avéré que leurs camions déposaient les déchets de manière erratique dans des zones non autorisées : champs, circuits d’eau et autres sites sensibles. Selon les auditions menées, des instructions avaient été données aux employés pour disposer des déchets à l'insu des réglementations, notamment en les déversant dans les regards d'eau de pluie ou sur des terrains agricoles.
Au fil des investigations, les autorités ont récupéré des documents administratifs et des factures au cours de perquisitions menées depuis 2023. Ces éléments ont permis d'accumuler des preuves solides, y compris la découverte de faux documents visant à obscurcir la traçabilité des déchets. Une manœuvre qui, selon les enquêteurs, a permis au groupe de réaliser des bénéfices illicites de quatre millions d’euros.
Sur le plan écologique, les répercussions de ce déversement illégal pourraient être considérablement plus graves. Actuellement, le préjudice écologique n'est pas encore entièrement évalué, mais il serait bien supérieur à deux millions d’euros, selon le parquet.
Mardi dernier, plusieurs collaborateurs de l'entreprise ont également été placés en garde à vue, avant d'être relâchés sans poursuites. Des témoignages d’anciens et d’actuels employés ont été collectés, un processus qui révèle un fonctionnement atypique au sein de ces sociétés.
Le père et la fille font face à de nombreuses charges, notamment "abandon et gestion irrégulière de déchets", "faux et usages de faux", "pollution", et d'autres incriminations liées à des faits commis entre janvier 2016 et décembre 2025. En réponse à cette situation, la justice a également ordonné la saisie de plus de deux millions d'euros sur leur patrimoine personnel.
Ce scandale met en lumière les enjeux cruciaux de la gestion des déchets et la nécessité d'une régulation stricte pour protéger l'environnement. Alors que l'impact écologique des actions de ce groupe reste à déterminer, cette affaire soulève d'importantes questions concernant la responsabilité des entreprises dans la préservation de nos écosystèmes.