Home ActusNews Dermatose nodulaire : la mobilisation des agriculteurs s'intensifie face à la vaccination dans le Sud-Ouest

Dermatose nodulaire : la mobilisation des agriculteurs s'intensifie face à la vaccination dans le Sud-Ouest

by Matthieu Dourtou
Les Agriculteurs du Sud-Ouest en Première Ligne Contre la Vaccination de la Dermatose Nodulaire

Mobilisation Agricole en France : Enjeux et Perspectives

Les agriculteurs continuent d'exercer une pression alors que le traité du Mercosur sera au menu des discussions d'un Conseil européen à Bruxelles ce jeudi.

EN BREF

  • Les agriculteurs menacent de maintenir leurs blocages pendant les fêtes face à une gestion gouvernementale qu'ils jugent insatisfaisante.
  • Plus d'un million de bovins ont été vaccinés en réponse à une épidémie de dermatose bovine.
  • Le traité du Mercosur suscite des inquiétudes quant à la concurrence des produits agricoles européens, avec une mobilisation attendue à Bruxelles.

La contestation des agriculteurs ne montre aucun signe d'apaisement. Ce mercredi 17 décembre, de nombreux agriculteurs ont menacé de maintenir leurs blocages routiers durant la période des fêtes. Leur colère s'inscrit dans un contexte de gestion de la dermatose bovine par le gouvernement, qui ne répond pas aux attentes des professionnels du secteur.

Alexandre Garcia, un représentant des Jeunes Agriculteurs de l'Aude, a affirmé : "Tant qu'on n'a pas une réponse de l'État, une réponse concrète, on ne bougera pas". Ses propos ont résonné au milieu des murs de tracteurs qui bloquaient l'autoroute A61, essentiel pour la liaison entre Toulouse, la Méditerranée et l'Espagne. D'autres manifestants n'ont pas hésité à afficher des slogans tels que "stop à l'abattage et non au Mercosur".

Les actions de protestation sont variées et se multiplient à travers le territoire. Des brasiers ont été allumés sur les routes, des trains ont été bloqués, et un mur de paille a été érigé devant la préfecture de Limoges. Le ministère de l'Intérieur a relevé qu'au total, 80 actions ont été recensées, mobilisant environ 3 600 personnes. Ce chiffre a connu une progression significative depuis quelques jours, passant de 27 à 80 en l'espace de quatre jours.

En parallèle, plus d'un million de bovins ont d'ores et déjà été vaccinés, notamment en Savoie, où l'épidémie a été maîtrisée. Des efforts similaires sont observés dans d'autres régions, comme les Pyrénées-Orientales, où plus de 80 % des bovins dans la zone réglementée ont été vaccinés. Ces actions visent à endiguer la propagation de la maladie détectée pour la première fois à la mi-octobre.

Ce même jour, une première réunion d'une cellule de "dialogue scientifique" s'est tenue à Toulouse, réunissant des présidents de chambres d'agriculture, des scientifiques et des vétérinaires. L'objectif de cette rencontre est d'étudier des protocoles alternatifs. La directrice générale de l'alimentation, Maud Faipoux, a insisté sur le fait que l'objectif n'est "pas de dire oui si ça protège moins bien", mais de réfléchir à la meilleure démarche à adopter.

Un "parlement du sanitaire", réunissant tous les acteurs concernés, est prévu en janvier, ce qui laisse peu de place à un changement de stratégie significatif à court terme. La demande de vaccination pour les 16 millions de bovins en France, formulée à la fois par la Coordination rurale et la Confédération paysanne, sera également à l’ordre du jour. Toutefois, les implications économiques d'une telle approche devront être soigneusement évaluées, notamment en ce qui concerne les mouvements et les exportations.

En attendant, le gouvernement mise sur un déploiement massif de vaccins dans le Sud-Ouest et a adopté un discours plus ferme concernant les mouvements illicites d'animaux, qu'il considère comme un facteur déterminant dans la diffusion de la maladie. Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a évoqué des "contournements d'interdictions" par certains acteurs, appelant à la "responsabilité" de tous.

Les sanctions en cas de non-conformité sont sévères : le transport illégal de bovins peut entraîner une amende de 750 euros par tête, tandis que le non-dénonciation d'un animal malade peut conduire à une amende de 15 000 euros et deux ans d'emprisonnement si cela contribue à l'extension de la maladie.

Mercredi matin, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a appelé à "l'apaisement à l'approche de Noël". Cependant, les agriculteurs sont déterminés à poursuivre leur mouvement et à bloquer des axes routiers, si nécessaire, après les fêtes. La Confédération paysanne a annoncé sa volonté de réaliser une quinzaine d'actions dans tout le pays dans les jours à venir.

Par ailleurs, neuf syndicats agricoles de Savoie et Haute-Savoie ont exprimé leur soutien à la stratégie de l'État pour lutter contre l'épidémie.

L'attention se portera ce jeudi sur Bruxelles, où les agriculteurs européens espèrent rassembler des dizaines de milliers de manifestants pour s'opposer à l'accord de libre-échange avec le Mercosur, perçu comme une menace pour la production agricole européenne face à la concurrence du bétail et des volailles brésiliens.

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