Home ActusNews Des Nantais proposent de conférer un statut de personne à la Loire

Des Nantais proposent de conférer un statut de personne à la Loire

by Matthieu Dourtou
Accorder à la Loire le statut de personne : une démarche des Nantais.

Les droits de la nature : une révolution silencieuse

Dans la salle de musique du Lieu unique, à Nantes, une centaine de personnes ferment les yeux. Elles s’imprègnent des sons diffusés par haut-parleur. De l’eau qui coule, des crépitements. « C’est le sable qui sèche après le reflux du fleuve », note l’artiste Ronan Moinet, à propos de ces bruits qu’il a captés un matin d’octobre.

« Loire est le héros de cette assemblée. Je lui donne la parole. » Dans cet espace, l’usage de l’article tombe devant le nom du fleuve, signe qu’il est considéré ici comme une personne et non plus comme un simple objet. Ce soir-là, le 29 novembre, constitue la dernière étape du projet « Vers une internationale des rivières ».

EN BREF

  • La Loire est considérée comme un acteur à part entière lors d'une soirée organisée à Nantes.
  • Le projet vise à sensibiliser les citoyens aux droits de la nature depuis plus de deux ans.
  • Des initiatives similaires émergent ailleurs dans le monde, attribuant une personnalité juridique à des éléments naturels.

Cette démarche, élaborée par l’écrivain Camille de Toledo en collaboration avec l’Institut d’études avancées (IEA) de Nantes, a permis à une douzaine de citoyens de la ville et de ses environs de se familiariser avec les droits de la nature. En effet, cette approche innovante attire de plus en plus d’attention, non seulement en France mais également à l’échelle mondiale.

Dans plusieurs régions, fleuves, rivières et cours d’eau se voient octroyer une personnalité juridique. Cela soulève des questions fondamentales sur la façon dont nous percevons notre environnement et notre responsabilité envers lui. Puis-je m’engager à défendre un fleuve comme un futur ami ? Ce changement de paradigme témoigne des liens qui unissent humains et non-humains, mais permet surtout de mieux plaider leur cause devant les tribunaux.

À titre d’exemple, en Équateur, le fleuve Vilcabamba a acquis des droits similaires, établissant ainsi un précédent important dans la jurisprudence environnementale. De telles initiatives montrent que la protection des écosystèmes ne passe pas uniquement par des régulations, mais par une reconsidération fondamentale de ce que cela signifie d’être un « acteur » dans ce monde.

Plus qu'un simple mouvement, cette mystique des rivières devient une véritable voix pour la nature. À Nantes, les sons du fleuve Loire évoquent une histoire commune et un appel à la préservation. Ce projet ne fait pas que parler de nature ; il lui offre un espace, une scène où elle peut s’exprimer et revendiquer ses droits. Si chacun de nous pouvait prêter une oreille attentive à ces murmures, que pourrait-on changer ?

Les lois entourant la nature évoluent, mais la véritable transformation réside dans notre perception, notre capacité à écouter la terre et ses rivières, à les considérer comme des alliés dans notre quête d'un équilibre durable. En ce sens, cette soirée à Nantes ne se limite pas à une expérience artistique ; elle s’inscrit dans un mouvement global, celui d'une révolution silencieuse en faveur des droits naturels. Confrontés à des crises écologiques sans précédent, nous sommes appelés à repenser notre rapport à la nature, qui est, après tout, le véritable héro de notre récit.

Vous aimerez aussi