Home ActusNews « Des vivants » : la série sur le 13 Novembre, une controverse qui divise les opinions

« Des vivants » : la série sur le 13 Novembre, une controverse qui divise les opinions

by Matthieu Dourtou
« Des Vivants : Une série controversée sur les cicatrices du 13 Novembre »

À quelques semaines de l'anniversaire des attentats du 13 novembre 2015, la série documentaire Des vivants revient sur les blessures intérieures ressenties par ceux qui ont vécu cette tragédie imminente. Réalisée par Jean-Xavier de Lestrade, cette série est disponible depuis le 27 octobre et retrace, à travers huit épisodes, la nuit de terreur vécue par les otages du Bataclan.

EN BREF

  • La série documentaire Des vivants explore l'expérience des otages du Bataclan.
  • Des controverses entourent le choix de tourner dans le lieu même de la tragédie.
  • Les opinions des victimes et familles sont partagées sur cette initiative.

Le 13 novembre 2015, au cours d'une nuit tragique, onze personnes ont été contraintes par les terroristes de rester à la vue de tous depuis le balcon, leur vie dépendant de leur obéissance. Ce soir-là, 129 vies ont été tragiquement perdues. Depuis cet événement, des rescapés, surnommés « les potages » - une fusion de "potes" et "otages" - se réunissent chaque mois pour partager leurs ressentis. C'est à partir de leurs récits que la série Des vivants a pris forme.

Cependant, le choix du réalisateur de filmer des séquences au Bataclan a déclenché une vive controverse. Arthur Dénouveaux, président de l'association Life for Paris, qui représente de nombreux rescapés, a exprimé son désaccord envers cette démarche. Il déclare :

« Certains trouvent indécent de reconstituer la scène du drame là même où ils l'ont vécue et où leurs proches sont morts. »

Présent dans la fosse du Bataclan durant l'attentat, Dénouveaux a affirmé qu'il ne visionnerait pas la série, ne souhaitant pas « contaminer [s]es souvenirs avec de la fiction ».

Une position défendue avec conviction

Face à ces critiques, Jean-Xavier de Lestrade a défendu sa position dans une interview accordée au quotidien britannique The Guardian. Il a précisé avoir longuement réfléchi avant d'accepter de tourner dans la salle du drame, soulignant que ce sont les survivants eux-mêmes qui l'y ont encouragé.

« Il n'était pas question de tricher. Nous racontons l'histoire précise de ces survivants. »

Son propos est limpide : « Si nous avions tourné ailleurs, cela aurait été une tricherie. Cela n'aurait eu aucun sens. » Bien qu'il comprenne que certains puissent être choqués, il qualifie la polémique « de surprenante et stupide ».

Dénouveaux spécifie que ce tournage ne représente qu'une partie minoritaire : « Nous parlons de huit minutes sur une série de huit heures. » Ces huit minutes permettent aux spectateurs d'entrer dans l'horreur et la tragédie que l'attentat a représenté.

Pour Philippe Duperron, président de l'association de victimes 13Onze15 et père d'un jeune homme tué ce soir-là, l'essentiel est ailleurs. Il souligne :

« Les familles et les survivants ont des avis partagés. Certains sont dérangés par le tournage, mais nombreux seraient ceux qui l'auraient mal vécu si cela avait eu lieu ailleurs. J'ai perdu mon fils au Bataclan. Cela n’effacera jamais ma douleur. C'est difficile, mais la vie doit continuer. »

Cette série documentaire, qui s'inscrit dans un contexte de mémoire et de reconstruction, pose des questions essentielles sur la représentation de la souffrance dans l'art. La tension entre le devoir de mémoire et la nécessité de se projeter dans l'avenir demeure un sujet délicat, à la fois pour les victimes, les réalisateurs et le public. Il s'agit d'une exploration sensible qui illuminera peut-être des aspects encore inexplorés de cette tragédie collective.

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