EN BREF
- Deux jeunes hommes soupçonnés du meurtre d'un commerçant à Marseille interpellés et incarcérés.
- La victime, Ridaa B., abattu lors d'un braquage au marché des Arnavaux.
- Des mesures de sécurité renforcées au marché suite à cet incident tragique.
Âgés d’à peine 16 et 18 ans, deux jeunes hommes, jusque-là inconnus des services judiciaires, ont été interpellés la semaine dernière, puis incarcérés en détention provisoire à l’issue de leur garde à vue. Ils sont soupçonnés d’être les auteurs du meurtre de Ridaa B., un semi-grossiste en fruits et légumes de 41 ans, abattu d’une balle en pleine tête pour le braquage de sa recette, le 21 juin dernier, peu après sept heures du matin, en plein Marché d’Intérêt National (MIN) des Arnavaux, dans le quartier nord de Marseille. Ce drame, survenu dans un lieu synonyme de vie et de travail, a provoqué une onde de choc parmi les producteurs et les acheteurs, faisant du marché, surnommé « le ventre de Marseille », un espace désormais marqué par l’horreur.
Père de famille, co-gérant d’une coopérative de semi-grossiste avec son frère et son neveu, Ridaa B. s’apprêtait à regagner son domicile après avoir récupéré une recette de 15 000 euros, relative aux ventes de la semaine écoulée. Un moment tragique mêlant routine professionnelle et une fin brutale.
« Le pire, c’est qu’il n’avait pas résisté du tout »
Les circonstances du meurtre, douloureusement narrées par des commerçants du MIN, mettent en avant la précarité de la situation. « Alors qu’il s’éloignait, un véhicule Renault Captur orange s’est arrêté à sa hauteur. Le passager avant, armé, a sauté du véhicule pour lui arracher sa sacoche », indique le parquet de Marseille. En quelques secondes, la tragédie s'est déroulée, et Ridaa B. s’est écroulé au sol, mortellement touché par un tir. Suite à ce braquage, l’auteur a pris la fuite à bord du véhicule, qui a été retrouvé calciné plus tard dans la commune voisine de la Penne-sur-Huveaune.
Un autre commerçant, ému, raconte : « Le pire, c’est qu’il avait donné sa sacoche aux braqueurs, il n’avait pas résisté du tout. Il était nerveux. Quand il a tendu sa sacoche, celle-ci est tombée par terre, c’est là que le coup est parti. C’est révoltant de mourir comme ça, sur son lieu de travail. »
La sécurité des accès au marché resserrée
Une semaine après ce meurtre tragique, une soixantaine de personnes s’étaient rassemblées sous les arches du carreau des producteurs pour rendre hommage à Ridaa B. Face à la montée des craintes liées à la sécurité, la direction du MIN a agi rapidement. Didier Ostré, directeur général du marché, précise : « Nous avons renforcé les contrôles. 80 % des acheteurs disposent de badges, pour les autres, nous exigeons des copies d’un K-Bis ou d’une pièce d’identité. Nous travaillons également sur un système de contrôle automatique. » Ces mesures visent à sécuriser un espace où les transactions se faisaient pourtant de moins en moins en espèces.
Cette tragédie a bouleversé une communauté qui, jusqu’alors, se croyait à l’abri. Le parquet de Marseille a salué le travail des enquêteurs, mettant en lumière l’efficacité de leur démarche dans le cadre d’une information judiciaire. En moins de deux mois après les faits, les deux jeunes présumés auteurs du braquage sanglant ont été mis en examen pour « homicide volontaire », « vol avec arme en bande organisée » et « association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes en bande organisée ».
Ce meurtre ne soulève pas seulement des questions de sécurité, mais également des réflexions plus larges sur la violence en milieu urbain et les enjeux d'une économie locale fragilisée. La mémoire de Ridaa B. appelle désormais à une prise de conscience et à une action collective renforcée face à ces défis croissants.