Home ActusNews Deux ans après le 7-Octobre : repenser l'irreprésentable avec Anne-Gabrielle Heilbronner

Deux ans après le 7-Octobre : repenser l'irreprésentable avec Anne-Gabrielle Heilbronner

by Matthieu Dourtou
Rethinking the Unrepresentable: Two Years After October 7 with Anne Gabrielle Heilbronner

Deux ans après les massacres du 7 octobre : comment nommer l'irreprésentable

A l'occasion de l'anniversaire des massacres du 7 octobre 2023, commis par le Hamas en Israël, Anne-Gabrielle Heilbronner, présidente de l’Institut Aspen France, souligne l'importance de nommer le mal pour pouvoir y résister. Ce jour-là, de nombreux civils ont perdu la vie, et des atrocités ont été commises. L'horreur engendrée par ces événements demeure vive et difficile à exprimer.

Il est essentiel de ne pas céder au silence face à la douleur insurmontable que cela représente. En effet, notre responsabilité collective nous appelle à ne pas fuir la réalité, mais plutôt à l’affronter.

EN BREF

  • Deux ans après les massacres du 7 octobre 2023, la présidente de l’Institut Aspen France encourage à nommer le mal.
  • Ce jour-là, des atrocités inqualifiables ont été commises contre des civils en Israël.
  • Une réflexion collective est nécessaire pour ne pas tomber dans l'indifférence.

Le dialogue, nourri de réflexions diversifiées, émerge comme une voie pour éclairer notre compréhension du monde. En confrontant différentes perspectives tout en restant ancré dans la vérité des faits, nous pouvons petit à petit tisser des liens qui renforcent le tissu humain. Cette démarche devrait s'accompagner d'un retour aux sources, en nous inspirant de grandes penseuses comme Hannah Arendt et Simone de Beauvoir, qui ont chacune, à leur époque, tenté de répondre à des peurs et à des violences similaires.

Le regard d'Hannah Arendt : lutter contre l'effacement

Dans son œuvre fondatrice Les Origines du totalitarisme, Arendt explore le phénomène de l'antisémite, affirmant que l'indifférence face à la barbarie est complice de celle-ci. Nier le mal, c'est contribuer à son installation durable dans l'esprit collectif. En ce sens, minimiser les crimes du 7 octobre ou les réduire à de simples événements politiques revient à réitérer cette indifférence, allant à l'encontre des enseignements qu'Arendt nous transmet.

Simone de Beauvoir : la défense des droits des femmes

Simone de Beauvoir, dans son célèbre ouvrage Le Deuxième Sexe, expose que la condition féminine n’est pas une fatalité, mais une construction sociale, qui doit en permanence être remise en question. Les violences sexuelles subies par les femmes lors de cette tragédie, témoignant d’un désir d’asservissement, ne doivent pas être ignorées. Ces actes représentent des attaques frontalement dirigées contre la dignité humaine et doivent être considérés comme des armes de guerre visant à détruire tant l’individu que sa communauté.

Une double barbarie, une seule exigence

Arendt et de Beauvoir, bien que issues de contextes différents, permettent d'analyser une même douleur : celle de l’éradication de la part humaine de notre société. Loin des dogmes et des idéologies, ces voix nous exhument, à l'échelle des atrocités du 7 octobre, un double mal : celui qui s’attaque aux êtres humains en tant que juifs et celui qui vise les femmes en tant que femmes. La remise en question de ce qu’il s’est passé ce jour-là doit se faire sur la base d’une exigence éthique sans réserve.

Mémoire et responsabilité universelle

Il nous appartient alors de garantir la mémoire des victimes des tragédies, afin de veiller à ce que ces souffrances ne soient jamais emportées par l'oubli. Nier les crimes, chercher à les hiérarchiser, c’est donner au silence l’opportunité de s’installer et permettre à de semblables violences de se reproduire dans l’avenir. L’anniversaire du 7 octobre doit nous servir d'appel à la vigilance et à la responsabilité universelle, afin que l’horreur ne devienne jamais un angle mort de notre conscience collective.

Les réflexions d’Anne-Gabrielle Heilbronner rappellent ainsi à quel point le combat pour la mémoire et la reconnaissance est essentiel pour bâtir un avenir respectueux de la dignité humaine. N’oublions jamais : se taire, c’est consentir. Adopter une posture d'écoute et d'accueil des récits douloureux est nécessaire pour offrir une tribune à ceux dont la voix a été étouffée. Le combat continue pour qu’enfin, ces événements, marquants d’une tragédie humaine, soient reconnus dans toute leur ampleur.

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