La présidente du Pérou, Dina Boluarte, a été destituée dans la nuit de jeudi à vendredi, à la suite d’un vote majoritaire du Parlement. Cette décision fait suite à plusieurs motions déposées durant la journée par les principales forces politiques de l’assemblée, qui ont exprimé leur mécontentement croissant à l'égard de la cheffe de l’État.
EN BREF
- Dina Boluarte a été destituée par le Parlement péruvien après un vote majoritaire.
- Le président du Parlement, José Jerí, a pris ses fonctions en tant que nouveau chef de l'État.
- Le Pérou traverse une période de forte instabilité politique marquée par une série de destitutions récentes.
La décision de destitution a été annoncée par le président du Parlement, José Jerí, à l’issue d’une courte session à laquelle Dina Boluarte ne s’est pas présentée, bien qu’elle ait été convoquée. Le président, âgé de 38 ans, s'est engagé, après avoir prêté serment devant le Parlement, à diriger un gouvernement de transition en cette période troublée.
Une impopularité record
Cette destitution a suscité des réactions dans les rues de Lima. Plusieurs personnes ont célébré la décision devant le Parlement, brandissant des drapeaux et des pancartes hostiles à l’égard de Boluarte, qui était en fonction depuis son arrivée au pouvoir suite à la destitution de l’ancien président Pedro Castillo.
À présent, la situation de Dina Boluarte a radicalement changé. Elle a perdu son immunité, ce qui la rend désormais vulnérable à des poursuites judiciaires possibles, pouvant aboutir à son emprisonnement. Lors de la séance plénière de jeudi soir, quatre des cinq motions de destitution, invoquant une « incapacité morale permanente » à exercer ses fonctions, ont été votées.
Cette majorité parlementaire a pris de court même ceux qui, jusqu'à récemment, soutenaient Boluarte. Cette dernière a déjà fait l’objet de plusieurs tentatives de destitution, sans qu’aucune d’entre elles n’ait abouti, mais la perte de soutien des partis de droite et d’extrême droite a marqué un tournant décisif.
Le pays traverse actuellement la pire crise politique de son histoire moderne, avec six présidents en moins de neuf ans. L’instabilité s’est intensifiée avec des manifestations violentes, entraînant la mort d’au moins 50 personnes. Cette détérioration des conditions de vie a alimenté un climat de mécontentement et d’exaspération parmi la population.
Des scandales à répétition
Le mandat de Boluarte a été marqué par plusieurs scandales notables, comme celui du « Rolexgate », en lien avec des montres et bijoux de luxe qu'elle n'aurait pas déclarés. De plus, une rhinoplastie réalisée en juillet 2023 a révélé une transparence inquiétante pour une dirigeante, car la loi exigeait qu’elle en informe le Parlement. Ces affaires ont contribué à renforcer son impopularité.
Récemment, des manifestations observées à Lima résultent également de la montée de la criminalité organisée, avec une vague d'extorsion et de meurtres. La situation a été accentuée par des tirs sur un groupe de musique, causant plusieurs blessés, dont des musiciens. Les autorités n’ont pas encore établi de détails sur l’origine de cette attaque, mais des rumeurs indiquent que cela pourrait être lié aux menaces exercées par des groupes criminels sur les artistes.
« Les Péruviens vivent dans une peur constante... cela n’est pas une manœuvre politique, mais la conséquence de l’absence d’une véritable direction, seulement de la frivolité »
- Norma Yarrow, députée du parti de droite Renovación Popular.
À travers ces événements tumultueux, le Pérou se retrouve à un carrefour délicat, où l’avenir politique reste incertain. La récente destitution de Dina Boluarte pose la question de la stabilité future du pays et de la capacité de ses futurs dirigeants à répondre aux préoccupations d’une population largement désillusionnée.