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« Drogue zombie » : Singapour lutte contre les e-cigarettes à contenu hypnotique

by Matthieu Dourtou
« Singapour face aux e-cigarettes : l'assolement des zombies hypnotiques »

Les cigarettes électroniques continuent de susciter des débats enflammés au sein de l'opinion publique. Près d'un an après la perte tragique de sa fille Shermaine, Delfard Tay s'engage pleinement dans la lutte contre ces dispositifs contenant des substances potentiellement dangereuses, tels que les drogues de synthèse, une préoccupation croissante pour les autorités de Singapour.

EN BREF

  • Delfard Tay dénonce les "Kpods", dangereuses cigarettes électroniques responsables de la mort de sa fille.
  • Singapour renforce sa législation sur le vapotage face à une crise de santé publique.
  • Plus de 656 personnes arrêtées en septembre pour usage de vapoteuses.

En septembre 2024, la vie de Delfard Tay a basculé avec la découverte du corps sans vie de sa fille de 19 ans, retrouvé en bas de leur immeuble. Le quadragénaire incrimine ces cigarettes électroniques désignées sous le nom de "Kpods", qui semblent véhiculer un danger particulièrement élevé.

Hallucinations et convulsions

Singapour fait face à une montée alarmante de l'usage de ces appareils. Les Kpods contiennent souvent de l'étomidate, un hypnotique qui peut entraîner des effets secondaires graves, tels que des hallucinations et des convulsions. Ces produits, vendus illégalement via des plateformes comme Telegram ou introduits clandestinement depuis la Malaisie où le vapotage est légal, exploitent un marché juteux. Commercialisés sous des noms évocateurs tels que "zombie spice" ou "space oil", ils séduisent les jeunes avec des saveurs fruitées, comme la mangue ou la myrtille.

En réponse à cette menace, le gouvernement singapourien a élargi son moratoire sur les cigarettes électroniques tout en durcissant son application législative. Les autorités considèrent désormais ces produits comme des stupéfiants plutôt que comme de simples alternatives au tabac, ce qui marque un tournant significatif dans la politique de santé publique du pays.

Jusqu’à 20 ans de prison pour l’importation de vapoteuses

Depuis le 1er septembre, les sanctions liées à la détention de cigarettes électroniques sont devenues particulièrement sévères. En cas d'infraction, une amende peut atteindre 2 000 dollars singapouriens (environ 1 327 euros). Pour les récidivistes, des conséquences plus graves incluent la réhabilitation obligatoire, voire des coups de canne pour les citoyens singapouriens. Quant aux étrangers, ils risquent l'expulsion et une interdiction de retour sur le territoire. Les importateurs de vapoteuses contenant des drogues, eux, encourent jusqu'à 20 ans de prison, tandis que les revendeurs peuvent faire face à une peine maximale de 10 ans.

L'histoire personnelle de Delfard Tay a résonné dans les hautes sphères, incitant les autorités à solliciter sa participation à une campagne gouvernementale contre le vapotage. En partageant son expérience, il espère que même une seule vie sera sauvée, et que la mémoire de sa fille continuera d'inspirer une prise de conscience collective.

656 personnes arrêtées pour avoir vapoté

Des vidéos montrant des adolescents singapouriens se comportant comme des "zombies" après avoir vapoté se sont multipliées sur les réseaux sociaux cette année. L’une d’elles, diffusée le 31 juillet, documente un jeune homme tombant à la renverse dans le métro, une image qui frôle l'absurde tant elle est tragique. Selon l'Autorité des sciences de la santé, cet adolescent était en possession d'une cigarette électronique.

Pour répondre à la tendance alarmante, Singapour a mobilisé 10 000 fonctionnaires pour lutter contre le vapotage. Au cours des trois premières semaines de septembre, 656 personnes ont été arrêtées, dont 44 utilisant des cigarettes électroniques contenant de l’étomidate. Cette statistique souligne l'urgence d'une action gouvernementale coordonnée face à ce phénomène grandissant.

Les Kpods voleront votre avenir

Cependant, la stratégie de Singapour n'est pas unanimement saluée. Des organisations comme la Coalition des défenseurs de la réduction des méfaits liés au tabac en Asie-Pacifique (CAPHRA) soutiennent que des interdictions générales pourraient simplement rendre le marché plus clandestin. Selon Euromonitor International, plus de 75 % des cigarettes électroniques à l'échelle mondiale sont fournies par le marché illicite, tandis que 31 % des consommateurs vivent dans des régions où ces produits sont prohibés.

Delfard Tay, pour sa part, reste convaincu de l'urgence de sensibiliser la jeunesse. Son message est clair : "Les Kpods tueront vos rêves, voleront votre avenir". Un appel à la réflexion sur une réalité préoccupante pour de nombreux parents à Singapour et au-delà.

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