Plus de 1 700 détenus gazaouis arrêtés durant les deux dernières années de guerre dans l'enclave palestinienne ont été relâchés lundi. À cette liste s'ajoutent 250 prisonniers qui purgeaient une peine depuis de nombreuses années.
EN BREF
- 1 968 prisonniers palestiniens libérés suite à un cessez-le-feu à Gaza.
- Les libérations incluent des détenus récents ainsi que des prisonniers de longue date.
- Les choix des autorités israéliennes suscitent de vives critiques au sein du camp palestinien.
Après la libération des otages israéliens, les prisonniers palestiniens ont également fait l'objet d'un accord crucial. Le 13 octobre, les autorités israéliennes ont procédé à la libération de 1 968 prisonniers palestiniens, suite à la remise des derniers otages encore vivants capturés le 7 octobre, marquant ainsi un moment d'espoir dans un contexte de tensions persistantes. Cette opération a nécessité l'affrètement de 38 bus pour transporter ces détenus vers la bande de Gaza et la Cisjordanie.
Les premiers libérés ont été accueillis avec une grande ferveur à Ramallah, en Cisjordanie occupée, mais également à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Les scènes de joie qui s'y sont déroulées témoignent de l'impact émotionnel de ces retrouvailles.
L'administration pénitentiaire israélienne avait préalablement annoncé la centralisation de ces "prisonniers relevant de la sécurité nationale" dans deux établissements, à savoir la prison d'Ofer en Cisjordanie et celle de Ktziot dans le sud d'Israël. Pour cette libération, l'État hébreu avait établi deux listes : la première comportant 1 718 Gazaouis arrêtés lors des opérations militaires de ces deux dernières années et la seconde incluant 250 prisonniers condamnés pour des crimes bien antérieurs à ces événements et purgeant des peines longues, souvent en lien avec le terrorisme.
D'après le Bureau palestinien d'information sur les prisonniers, la majorité des libérables sont des hommes, principalement originaires des gouvernorats de Jabalia et de Khan Younès. La fourchette d'âge des libérés est variée, allant d'un jeune de 16 ans à un homme âgé de 76 ans. Deux femmes, de 37 et 70 ans, sont également mentionnées, bien que peu de détails soient disponibles concernant les raisons de leur détention.
Ces détentions prolongées en Israël ont été facilitées par l'adoption de lois au début du conflit, permettant la détention sans contrôle judiciaire pour des "combattants illégaux". Une situation qui a conduit l'ONU à dénoncer, en juillet 2024, des cas de torture et de mauvais traitements envers ces détenus. Lors de leur libération, plusieurs d'entre eux ont montré des signes de blessures récentes, ce qui a été rapporté par plusieurs médias.
Selon une ONG de défense des droits humains, Hamoked, environ 3 000 Palestiniens étaient incarcérés dans les prisons israéliennes en septembre dernier. Le nombre de détenus devrait diminuer de façon significative avec cette vague de libérations, laissant environ 1 300 prisonniers encore derrière les barreaux.
Quant à la seconde liste de 250 noms, elle comprend des détenus ayant purgé des peines pour des actes de violence sérieuse, dont plusieurs ont été condamnés à vie. L'un des plus anciens d'entre eux, Samir Abu Nimah, a passé près de 40 ans en prison pour des crimes commis en 1983. D'autres, comme Raed Sheikh, ont également été reconnus coupables d'activités terroristes dans le passé.
Cependant, les choix des autorités israéliennes concernant cette seconde liste ont entraîné de vives critiques parmi les Palestiniens. Des noms de figures comme Ahmed Saadat, ancien secrétaire général du Front populaire de libération de la Palestine, et Marwan Barghouti, ancien militant du Fatah et candidat potentiel à la présidence de l'Autorité palestinienne, n'ont pas été inclus, suscitant de nombreuses interrogations et frustrations.
Ces récentes libérations de prisonniers palestiniens soulignent une nouvelle fois la complexité du conflit israélo-palestinien, où chaque geste – qu'il soit vu comme un acte de paix ou comme une mesure stratégique – est chargé de significations profondes et de conséquences potentielles.