L'accord récemment signé entre le Hamas et Israël, ce jeudi en Égypte, pourrait marquer un tournant dans un conflit qui dure depuis des décennies. Néanmoins, l'enthousiasme est mesuré. En effet, bien qu'il soit crucial que cet accord existe, les incertitudes qui l'entourent laissent planer de nombreux doutes. Il est non seulement commun de poser des questions sur l’avenir de cette entente, mais aussi sur la façon dont elle pourra être mise en œuvre de manière efficace.
EN BREF
- L'accord entre le Hamas et Israël a été signé après des négociations en Égypte.
- Les principales questions restent sans réponse, notamment le désarmement du Hamas et la libération des otages.
- La situation politique israélienne complique la mise en œuvre de l'entente.
Le quotidien anglais The Guardian résume la situation actuelle : cet accord propose le retour des otages détenus par le Hamas — estimés à 20 survivants sur un total de 47 — en échange d'un retrait israélien limité et de la libération de près de 2 000 prisonniers palestiniens. Mais, comme le souligne le journal, une question cruciale demeure : quel avenir pour le Hamas et surtout, quelle serait la dynamique du désarmement éventuel ? Ce flou laisse craindre qu'Israël ne relance ses offensives une fois les otages libérés.
Le New York Times partage ce scepticisme, faisant écho aux préoccupations du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui a affirmé que "le boulot ne sera pas fini tant que chaque combattant du Hamas ayant pris part à l’attaque du 7 octobre n’aura pas été traqué". En réalité, Netanyahou doit également naviguer dans un paysage politique complexe, au sein duquel Bezalel Smotrich, ministre d'extrême droite, a d'ores et déjà exprimé son opposition à la libération des prisonniers dans le cadre de cet accord.
Un autre point de tension réside dans la future gouvernance de la région, notamment le rôle de l'Autorité palestinienne. Comme le mentionne le New York Times, la manière dont les États-Unis et leurs alliés établiront un gouvernement technocratique intérimaire reste floue. À qui l'avenir de Gaza sera-t-il réellement confié ?
Par ailleurs, le quotidien espagnol El País met en lumière le retournement de situation inattendu, soulignant que certains auraient pu croire que cette issue n'était pas envisageable. L'administration de Donald Trump, depuis son arrivée au pouvoir, a toujours soutenu Israël et avait jusqu’ici évité de s’engager dans ce type d’accord avec le Hamas.
Une des voix les plus critiques pourrait bien être celle du journal israélien, Haaretz. Ce dernier pointe du doigt la rapidité avec laquelle l'accord a été négocié, suggérant que cette précipitation est due à la pression exercée par le président Trump. Ainsi, l'absence d'un mécanisme de contrôle et d'un cadre diplomatique élargi pourrait s’avérer problématique dans la mise en œuvre des prochaines étapes. Au-delà de la signature, se dessine une incertitude sur le chemin à suivre vers une paix durable.
Les enjeux sont également d'ordre symbolique. Le New York Times évoque le prix Nobel de la paix, qui pourrait devenir un enjeu significatif pour Donald Trump. Si cet accord réussit, il pourrait revendiquer ce prix avec légitimité, suivant les traces de précédents présidents. Cette idée illustre à quel point les intérêts personnels peuvent interférer avec des négociations qui affectent des millions de vies.
Enfin, l'avenir s'annonce incertain. Comme le dit le New York Times, la création d'accords de paix dans cette région rappelle le nettoyage après une éruption volcanique : il est inévitable que cela se reproduise, mais le moment et la violence de la prochaine éruption restent indéterminés. Dans ce contexte, ce nouvel accord pourrait n’être qu’un bref répit dans une histoire tumultueuse.