Vladimir Poutine, qui a célébré son 73e anniversaire ce 7 octobre, aurait probablement préféré un apaisement plutôt que la tension accrue qui semble se dessiner sur la scène internationale. En effet, le jour précédent, lors d'une conférence de presse dans le bureau Ovale, Donald Trump a laissé entendre que la possibilité de vendre des missiles Tomahawk aux pays européens, notamment pour une livraison à l'Ukraine, était sur la table, sans toutefois donner de confirmation ferme. Cette discussion émerge alors que Volodymyr Zelensky a réclamé ce type d'armement lors d’une rencontre avec son homologue américain, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. À ce moment-là, Trump avait déjà qualifié la Russie de "tigre de papier".
EN BREF
- Donald Trump envisage la vente de missiles Tomahawk à l'Ukraine.
- Une telle décision pourrait renforcer considérablement les capacités militaires ukrainiennes.
- Les réactions du Kremlin sont marquées par des menaces d'escalade et des mises en garde.
Si cette livraison devait se matérialiser, elle offrirait un nouvel atout stratégique à l'Ukraine. Le général (2S) Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale, souligne : "Ce serait un coup dur pour les Russes". En effet, comparé aux drones actuellement utilisés par les forces ukrainiennes, le Tomahawk se distingue par sa portée et sa précision. Ce missile de croisière, utilisé depuis 1983 par les États-Unis, a déjà prouvé son efficacité sur différents théatres d'opérations. Il a été déployé notamment lors de la première guerre du Golfe en 1991, dans le cadre de l’invasion de l’Irak en 2003, ou récemment contre des installations nucléaires en Iran.
Portée et Impact du Tomahawk
D'une portée oscillant entre 1200 et 2500 kilomètres, en fonction des versions, le Tomahawk est capable de transporter jusqu'à 450 kilos d'explosifs. Cela pourrait permettre à l'Ukraine d’atteindre des cibles stratégiques situées en profondeur sur le territoire russe, fléau pour l'armée de Poutine. Selon un rapport de l'Institute for the Study of War (ISW), de nombreuses installations militaires cruciales, comme l'usine de drones Shahed en République du Tatarstan, ou la base aérienne Engels-2, seraient vulnérables à des frappes. Cette dernière sert de point de lancement pour les bombardiers russes qui tirent des missiles sur l’Ukraine.
Les précédentes frappes de drones ukrainiens sur des infrastructures russes montrent que le Kremlin n'est pas à l’abri. L'ISW a répertorié au moins 1 945 cibles militaires potentiellement accessibles par les missiles Tomahawk, ce qui constituerait un véritable défi pour les systèmes de défense russes. Le général Pellistrandi ajoute que "tout point militaire deviendrait une cible potentielle", augmentant ainsi la pression sur la défense aérienne russe, déjà mise à l'épreuve.
Réactions Russes et Tactiques de Négociation
Comme on pouvait s’y attendre, la perspective d’une telle livraison a suscité l'indignation du Kremlin. Vladimir Poutine a averti que cela pourrait "détruire nos relations". De son côté, Dmitri Peskov, le porte-parole du président, a qualifié cette démarche d’"escalade sérieuse" de la situation en Ukraine. Historiquement, ce type de rhétorique a déjà été employé lorsque les alliés de l'Ukraine avaient envisagé de fournir d'autres équipements militaires avancés, tels que des chars ou des avions de chasse.
Il reste à voir si ces menaces suffiront à dissuader Donald Trump d'agir. Prudent dans ses déclarations, le président américain a exprimé le souhait de comprendre les intentions ukrainiennes concernant les missiles avant de prendre toute décision, affirmant ne pas vouloir d'escalade. Pourtant, il pourrait s'agir d'une manœuvre au service de la pression sur Poutine pour l'inciter à négocier. Yehor Cherniev, vice-président de la commission de la sécurité nationale du Parlement ukrainien, avance que toute fourniture et utilisation des Tomahawk serait probablement faite "de manière progressive", les Ukrainiens cherchant avant tout à maximiser cet avantage potentiel.
Avec des enjeux géopolitiques aussi hautement affectés, la somme des décisions à venir pourrait redessiner les contours du conflit et, potentiellement, de la sécurité en Europe. À travers ces manœuvres, s’observe une lutte d'influence et de pouvoir qui pourrait bien marquer une nouvelle étape dans les relations internationales actuelles.