Il est près de minuit, dans la nuit du 21 au 22 novembre, lorsque Jair Bolsonaro, ancien président du Brésil, décide de démonter son bracelet électronique à l’aide d’un fer à souder. Un acte qui interroge : simple curiosité ou véritable fuite ? Condamné en septembre à 27 ans de prison pour tentative de coup d'État, il justifie son geste en déclarant vouloir simplement « voir comment » l’appareil fonctionne. Étonnante légèreté face à la gravité de la situation qui résulte rapidement en son incarcération, une conséquence en grande partie due aux initiatives inattendues de son propre fils.
EN BREF
- Jair Bolsonaro a tenté de démonter son bracelet électronique, entraînant son arrestation.
- Son fils, Flavio Bolsonaro, a organisé une veillée qui a conduit à une détention préventive.
- Des troubles psychologiques ont été évoqués pour expliquer son comportement erratique.
En effet, Flavio Bolsonaro convoque des partisans devant la maison familiale sous le prétexte d’une veillée pour la liberté de son père. Ce rassemblement devient un prétexte pour le juge Alexandre de Moraes du Tribunal suprême fédéral brésilien d'ordonner une détention préventive. Le paradoxe est saisissant : en cherchant à protéger son père, Flavio contribue à sa chute. « La convocation a transformé la détention à domicile en une détention en prison », souligne l’éditorialiste brésilien Leonardo Sakamoto.
Stratégie de défense ou effondrement psychologique ?
Lors de son audience, Bolsonaro ne fait pas mention de sa « curiosité » initiale, mais parle de « paranoïa » et d'« hallucinations ». Ce retournement soulève des interrogations. Est-ce une stratégie de défense ou un véritable effondrement psychologique ? Difficile de trancher. Son entourage familial, qui devrait le protéger, semble jouer un rôle ambigu dans sa dégringolade.
Par ailleurs, les détails médicaux fournis par l'ancien président mettent en lumière une fragilité d'esprit qui, bien que suggérée, arrive à un moment crucial : il a déclaré suivre un traitement avec de la prégabaline pour l'anxiété et des douleurs neuropathiques, ainsi que de la sertraline, un antidépresseur couramment utilisé. Ces informations soulèvent des soupçons quant à la sincérité de son état mental, d'autant plus qu'ils ont été communiqués à peine quelques jours après l'incident.
Le scénario de la fuite
Pour le juge Moraes, la messe est dite : « Bien que déguisée en 'veillée', cette conduite indique la répétition du modus operandi de l’organisation criminelle dirigée par Bolsonaro... ». Les événements récents confirment cette analyse. En février 2024, alors qu'il était de nouveau sous pression judiciaire, Bolsonaro avait déjà été vu se cacher à l’ambassade de Hongrie à Brasilia. Une demande d'asile en Argentine a même été découverte sur son téléphone.
Le contexte géographique de son domicile joue un rôle clé. Située à quinze minutes des ambassades américaines et argentines, cette proximité alimente les spéculations sur une éventuelle fuite. L'ironie est que ce sont ses fils, avec leurs actions maladroites, qui semblent précipiter sa chute. Flavio, en particulier, a sans doute aggravé la situation, en empêchant son père de bénéficier d'un délai de recours qui était encore en cours.
Aujourd’hui, Jair Bolsonaro est incarcéré dans une cellule confortablement équipée d’un climatiseur, d’une télévision et d’un mini-réfrigérateur. Un cadre qui lui laisse le temps de réfléchir à ses actes - un ancien président brésilien manipulant un bracelet électronique, une histoire pour le moins surprenante.