La question de la reprise économique en Chine, fulgurante à une époque, reste aujourd'hui en suspend. Ce sont désormais des milliers de citoyens qui scrutent chaque indice, espérant un rebond qui tarde à se matérialiser. Au lieu de cela, l'idée d'une reprise imminente s'efface pour laisser place à une inquiétante chronique d'un ralentissement durable. Quel a été l'impact de cette situation sur le quotidien des Chinois ?
EN BREF
- Le PIB chinois a progressé de 4,8 % au troisième trimestre, mais les dépenses des consommateurs diminuent.
- Des experts soulignent le caractère chronique du ralentissement économique, appelant à une réflexion plus profonde.
- Yao Yang, professeur à l'université de Shanghai, analyse l'évolution économique de la Chine en quatre phases.
Les chiffres récents sont éclairants, mais ils ne racontent qu'une partie de l'histoire. En effet, bien que le produit intérieur brut ait enregistré une croissance de 4,8 % durant le troisième trimestre, les signes d'un ralentissement palpable s'intensifient. Lors de la fête nationale, par exemple, les dépenses par personne ont chuté de 0,6 % par rapport à 2024 et de 2,6 % comparé à 2019, une année qui symbolisait une certaine prospérité. Ce contraste entre données macroéconomiques et sentiments individuels suscite de vives inquiétudes.
Au-delà de l'analyse chiffrée, un phénomène plus large semble se dessiner. Le discours officiel, d'ordinaire optimiste, se heurte à une censure accrue qui ne laisse que peu de place aux critiques sur la situation économique. Pourtant, même dans ce climat pesant, certains intellectuels prennent la parole. Par exemple, Yao Yang, professeur éminent de l'université de Shanghai, révèle des réflexions souvent omises, s’attaquant à la réalité d’un ralentissement durable.
Une analyse en quatre phases
Lors d'une récente conférence, Yao Yang a proposé une segmentation audacieuse de l'histoire contemporaine de la Chine en quatre phases.
- Phase 1 : Sous Mao Zedong, où la direction économique était monolithique et dirigée par l'État.
- Phase 2 : A partir des années 1980, le pays entre dans une « période de réveil » avec l'ouverture économique qui libère les énergies.
- Phase 3 : Deux décennies de « frictions », marquées par une croissance rapide mais aussi une montée de la corruption et des inégalités.
- Phase 4 : Le présent, caractérisé par une stagnation perçue comme irréversible.
Ce parcours illustre non seulement l'évolution des politiques économiques, mais également l'impact sur la société chinoise. Chaque phase a engendré des espoirs, mais aussi de profondes déceptions. La question de la durabilité de la croissance économique se pose avec acuité. Au moment où l'économie semble au ralenti, les interrogations sur le modèle chinois émergent, forçant certains à reconsidérer l'avenir du pays sur la scène mondiale.
Alors que les chiffres du PIB continuent d'être présentés comme des succès, la réalité vécue par des millions de Chinois témoigne d'une fracture grandissante. Ce sentiment de stagnation, en dépit des tentatives de relance, pourrait générer une nouvelle dimension de sentiments sociaux, allant de l’anxiété à la résignation. La nécessité d'une nouvelle dynamique paraît pressante, mais comment y parvenir dans un environnement de censure et de contrôle strict ? Une interrogation qui pourrait façonner les politiques futures.
Face à cette incertitude, un regard neuf sur l'économie pourrait s'avérer indispensable, à l'instar des réflexions de Yao Yang. L'accès à une diversité d'opinions et d'analyses pourrait ouvrir des portes vers des solutions originales, salvatrices pour l'économie chinoise. Reste à voir si la volonté d'un tournant se manifestera avant que la défiance face aux discours officiels ne s'installe durablement dans l'esprit du peuple.