«Vous me faites rire», confiait il y a peu une sexagénaire à son ami photographe. Dans son hôtel particulier de Neuilly, cette héritière, à la tête d'un empire de cosmétiques, se laisse aller à des dépenses extravagantes, tout en se plaignant de ses douleurs corporelles. Loin de ce petit monde où l'ennui rôde, elle souhaite retrouver un peu de légèreté en compagnie de ce flamboyant personnage. Cependant, la prévenante fille de la millionnaire, inquiet des choix de sa mère, n'hésite pas à écarter cet ami un peu trop influent qu'elle qualifie déjà de « Raspoutine ». Cette nouvelle intrigue rappelle étrangement une affaire célèbre : celle de Liliane Bettencourt, qui avait également suscité de vives controverses autour de son argent et de ses relations.
EN BREF
- Un film inspiré de l'histoire de Liliane Bettencourt, mettant en lumière les relations ambiguës autour de la richesse.
- Isabelle Huppert incarne le personnage principal, une milliardaire énergique, révélant une facette souvent méconnue du pouvoir et de la solitude.
- Le film mélange humour et cynisme, apportant une nouvelle lecture sur la notion de richesse et d'amitié.
Un film inspiré d'affaires réelles
Toute ressemblance avec l'affaire Liliane Bettencourt (1922-2017) n'est pas tout à fait fortuite. Le personnage de Marianne Farrère, joué par Isabelle Huppert, fait écho à la propriétaire du groupe L'Oréal, dont la vie a été exposée au grand jour après une plainte de sa propre fille. Dans La Femme la plus riche du monde, le réalisateur Thierry Klifa aborde cette thématique avec humour et nuance. Le film, tout en s'inspirant de faits réels, se permet une certaine distance avec la réalité, permettant aux spectateurs d'aborder ce récit brûlant avec davantage de légèreté.
Une interprétation audacieuse
Isabelle Huppert, une habituée des rôles complexes, appréhende le personnage de manière particulièrement audacieuse. Dans une interview, elle confie :
« Au départ, j'étais sceptique pour incarner ce personnage. Ce personnage, je l'ai inventé. Je n'avais pas le choix. Et puis, Thierry Klifa a choisi de raconter cette histoire par le début; la fin, tout le monde la connaît, le début beaucoup moins. »
Avec une finesse remarquable, l’actrice explore les multiples nuances du pouvoir féminin. Elle met en avant le fait que Marianne ne se laisse pas emporter par son environnement, mais plutôt qu'elle en découvre un nouveau à travers le photographe Pierre-Alain Fantin, interprété par Laurent Lafitte. La dynamique entre les personnages se nourrit de secrets de famille et de luttes d'ego, qui se déclenchent au sein de ce monde somptueux où l’argent est omniprésent, mais rarement mentionné.
Les thématiques du pouvoir et de la solitude
Au cœur de cette exploration cinématographique, se trouve une analyse poignante du pouvoir et de la solitude. Marianne, tout en étant une figure puissante, fait face à la complexité de ses choix. « La liberté du personnage naît de sa rencontre avec le photographe », souligne Huppert. Cette nouvelle relation lui permet de découvrir une autre vision de la vie, ainsi que des aspects d’elle-même qu’elle ne soupçonnait pas. En devenant à la fois mentore et mécène, elle atteint une forme d’accomplissement personnel.
La question de la solitude dans la richesse est un point central du récit. Huppert déclare :
« On peut imaginer qu'elle n'est pas malheureuse. Elle est passée du bien-être à la joie. »
Néanmoins, le prix à payer pour cette élévation sociale est la solitude. Financiers et proches se succèdent, mais la connexion émotionnelle se raréfie, plongeant parfois Marianne dans un isolement profond.
Cette œuvre promet donc de faire réfléchir sur la nature humaine, en particulier sur les relations entre l'argent, la puissance et l'amitié. En effet, le film ne se cantonne pas à un simple divertissement ; il nous pousse à nous interroger sur ce que nous serions prêts à sacrifier pour obtenir ce que nous désirons vraiment.