Des tomates moins vulnérables aux pucerons ? Du blé plus résistant aux sécheresses ? L'Union européenne a trouvé un accord pour permettre le développement de certaines plantes provenant de nouvelles techniques génomiques.
EN BREF
- Accord de l'UE pour la promotion des nouvelles plantes génétiquement modifiées.
- Deux catégories de plantes NGT définies, avec différentes régulations.
- Débat vif sur les impacts environnementaux et sanitaires de ces techniques.
Après les organismes génétiquement modifiés (OGM), sera-t-il temps pour les plantes issues de nouvelles techniques génomiques (NGT) de faire leur apparition dans les champs européens ? Un compromis a été atteint lors des discussions nocturnes du mercredi 3 au jeudi 4 décembre, permettant de dynamiser ce domaine tant attendu par de nombreux acteurs agricoles. Cet accord, pris par les députés européens et les États membres, vise à assouplir les règles entourant le développement de ces plantes, dans un contexte où la compétitivité est primordiale face aux géants agricoles comme les États-Unis et la Chine, qui ont déjà ouvert la porte à l'utilisation des NGT.
Toutefois, cet éclairage favorable ne va pas sans controverses. Les inquiétudes des organisations environnementales portant sur les risques pour la biodiversité et la santé publique sont palpables. L'accord doit encore être ratifié par les États membres et le Parlement européen, mais les discussions s'intensifient autour du sujet, qui est devenu le point focal d'un débat passionné.
Les NGT : Une définition délicate
Les OGM, tels que vous les connaissez, sont généralement créés par l'introduction de gènes provenant d'autres espèces. Par exemple, le maïs Monsanto 810 tire profit d'un gène sophistiqué pour créer une résistance contre certains insectes. Les plantes issues des NGT, en revanche, modifient l'ADN en utilisant des gènes de la même espèce. Cela soulève des interrogations sur leur classification – bien que génétiquement modifiées, elles ne sont pas explicitement qualifiées de "transgéniques".
Deux catégories émergent des NGT :
- NGT-1 : modifiées par un maximum de 20 ajustements génomiques.
- NGT-2 : subissant plus de 20 modifications.
L'accord européen favorise les NGT de catégorie 1, qui bénéficieront d'un traitement réglementaire plus léger, comparaison faite aux OGM traditionnels.
Vers une agriculture plus résiliente
Face aux défis du réchauffement climatique, ces nouvelles technologies promettent de transformer notre approche de l'agriculture. Les agriculteurs pourraient, par exemple, cultiver des plantes mieux adaptées aux aléas tels que les vagues de chaleur ou les sécheresses accrues. Jessica Polfjärd, eurodéputée suédoise, souligne les bénéfices potentiels de cette approche, en affirmant que ces innovations permettront des rendements élevés sur des surfaces réduites.
Pascal Canfin, un centriste français, partage cet optimisme, estimant que ces techniques représentent un levier essentiel pour faire face aux pénuries d'eau. Thierry Langin, président de l'Association française des biotechnologies végétales, abonde dans son sens, insistant sur la nécessité de suivre ces évolutions pour rester compétitifs.
Réserves et critiques face aux NGT
Malgré cet enthousiasme, les mises en garde ne manquent pas. L'Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) soutient l’autorisation de certaines NGT, tandis que l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) appelle à la prudence. Ses experts craignent que certaines modifications puissent engendrer des risques pour l'environnement ou la santé.
Charlotte Labauge, de l'ONG Pollinis, met en lumière un non-respect potentiel du principe de précaution, mettant en avant l'absence de traçabilité et d'informations claires pour le consommateur. Cette situation soulève des inquiétudes quant aux décisions qui seront prises autour de l'utilisation de ces plantes sur le marché sans évaluations adéquates.
Pour l'Anses, une surveillance rigoureuse est essentielle pour détecter les éventuels effets environnementaux négatifs potentiels des NGT sur le long terme. Ce débat souligne l'importance de trouver un équilibre entre innovation, sécurité alimentaire et protection de notre environnement. Face à un futur agricole en mutation, chaque décision comptera, tant pour les producteurs que pour les consommateurs.