Ce mardi, Sam Altman, le patron d'OpenAI, a suscité de vives discussions en affirmant que son fils "probablement ne" suivrait pas de cursus universitaire. Cette déclaration soulève des questions fondamentales sur l'avenir de l'éducation à l'ère de l'intelligence artificielle. Selon Altman, le temps passé dans un amphithéâtre pourrait devenir *inutile* face à des compétences qui, souvent, deviennent caduques avant même l'obtention d'un diplôme. L'intelligence artificielle ne représente pas seulement une nouvelle étape technologique, mais un *changement civilisationnel* qui bouleverse les codes traditionnels de l'éducation.
EN BREF
- Sam Altman affirme que l'éducation traditionnelle devient obsolète face aux avancées de l'intelligence artificielle.
- Un livre à paraître remet en question la valeur des diplômes et la durée de vie des compétences.
- La veille du changement éducatif appelle à privilégier l'acquisition de compétences pertinentes dès l'âge de 18 ans.
Dans leur essai *Ne faites plus d'études*, les auteurs Laurent Alexandre et Olivier Babeau avancent une vision audacieuse : *le savoir* remplacera bientôt la valeur des diplômes. Ils soulignent que la durée de vie d'une compétence technique est désormais d'environ deux ans. En 1987, ce chiffre se situait autour de trente ans. Ce constat amène à se questionner : comment orienter les jeunes vers des choix éclairés lorsqu’ils atteignent l'âge adulte ?
Le livre, né d'une certaine "panique" face à ce que les auteurs décrivent comme un "darwinisme numérique", examine les conséquences de cette évolution. La thèse qu’ils défendent indique que l'éducation traditionnelle, axée sur les diplômes comme vecteurs de réussite scolaire, ne tient plus face à l'accélération des technologies. Ce modèle méritocratique pourrait être profondément *remis en question*.
Laurent Alexandre : "Le 30 novembre 2022, le monde ancien s’est effondré avec la sortie de ChatGPT 3.5. Nous ne sommes plus l’espèce la plus intelligente de la planète".
Les effets de cette disruption affectent en premier lieu les cadres supérieurs, qui étaient autrefois des figures d'autorité dans leur domaine. Leur savoir, jadis un rempart contre le chômage, se retrouve désormais fragilisé par les nouvelles technologies. La possibilité de transférer les connaissances et compétences au sein des organisations se confronte à une réalité implacable, où le savoir accumulé est remplacé par des outils plus efficaces.
Les cadres doivent désormais choisir entre plusieurs avenues. La première consiste à se concentrer sur des métiers où le facteur humain reste central, comme l'artisanat et le soin, tandis que l'autre voie consiste à *apprendre à travailler* main dans la main avec l'IA. La véritable ressource devient alors la capacité d'adaptation.
Les auteurs émettent également une critique acerbe de l’enseignement supérieur, qualifiant le diplôme de "stigmate". Ils argumentent que ce dernier perd sa valeur face aux outils d'intelligence artificielle capables de reproduire des compétences spécifiques en un rien de temps. Si un étudiant peut concevoir un projet en quelques minutes grâce à l'IA, pourquoi investir de lourdes sommes dans des études ? Cette situation entraîne non seulement la frustration d'étudiants, mais aussi une déconnexion avec le marché du travail.
Il est crucial de faire évoluer la façon dont nous percevons l'éducation. La notion d’une scolarité ponctuelle dans la vie d'un individu perd de sa pertinence. Au contraire, *l'apprentissage continu* devient la norme, chaque interaction avec la technologie nécessitant des ajustements et des révisions constantes. Ce modèle d'apprentissage doit inciter les individus à réfléchir sur les compétences à acquérir et non sur les institutions à intégrer.
Les auteurs insistent aussi sur l'importance d'une relation pédagogique individuelle, où chaque étudiant pourrait bénéficier d'un accompagnement sur mesure, rendu possible grâce à l'intelligence artificielle. Cela pourrait offrir des opportunités d'égalité d'accès à l'éducation pour tous, en redonnant vie à l'idée de mentorat.
En définitive, ce changement de paradigme ne doit pas susciter une alarmante panique, mais plutôt une dynamique proactive. La clé réside dans la volonté d'apprendre, de se former constamment, et de développer un ensemble de compétences flexibles pour faire face aux défis de demain. L’intelligence artificielle, loin d'être une menace, peut devenir un tremplin pour l'autonomisation individuelle. Il appartient à chacun de saisir cette opportunité pour se forger une place dans un monde en pleine mutation.