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Le budget « Père Noël » risque d'aggraver la dette de la Sécurité sociale

by Matthieu Dourtou
Le budget festif pourrait alourdir la dette de la Sécurité sociale

Budget de la Sécurité Sociale : Alerte aux Déficits en Perspective

Ce mardi 9 décembre, le Parlement a donné son feu vert au budget de la Sécurité sociale, mais un vent d'inquiétude souffle sur cette décision. En effet, la prévision de déficit pourrait atteindre les 24 milliards d'euros, soit une somme bien au-dessus des objectifs fixés initialement.

EN BREF

  • Le déficit de la Sécurité sociale est estimé à 24 milliards d'euros pour 2026.
  • Des dépenses prévues de 274 milliards d'euros ont été largement augmentées, soulevant des questions sur leur viabilité.
  • La Cour des comptes avertit d'un risque de crise de liquidités imminente, menaçant la pérennité du système.

Lors de ce vote crucial, l'objectif national des dépenses de l'assurance maladie (Ondam) a été fixé à plus de 3% pour 2026, une progression significative par rapport aux 1,6% prévues dans le projet initial. Cela représente une enveloppe colossale de 274 milliards d'euros, comme l'a indiqué Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, devant l'Assemblée nationale.

Ce nouveau budget a suscité des réactions mitigées, notamment concernant les financements supplémentaires destinés à l'hôpital, avec une augmentation de 3,6 milliards d'euros. Cette décision, influencée par les pressions de la gauche et les revendications de la Fédération hospitalière de France, a été perçue par certains comme un "budget Père Noël". Un directeur d’hôpital, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a reconnu ne pas y croire lui-même.

Quant à la médecine de ville, elle n'a pas été négligée. La ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a subi une pression considérable, notamment de la part de l'ex-ministre LR Yannick Neuder et de Laurent Wauquiez, ce qui l'a contrainte à abandonner son amendement préconisant le gel des tarifs de certains médecins spécialistes, une mesure pourtant recommandé par l'Assurance maladie.

Une Tentation de Manœuvre Budgétaire

Les interrogations autour de la sincérité de ce budget se multiplient. Officiellement, le déficit de la Sécurité sociale pour 2026 serait "un peu moins de 20 milliards d'euros", selon Amélie de Montchalin. Cependant, ce chiffre semble improbable au vu des besoins budgétaires prévisibles. Une déclaration récente évoquait l'éventualité d'un véritable dérapage, avec un déficit de 24 milliards d'euros imminents. Les dépenses continuent d’augmenter en raison de la vieillesse de la population et de la montée des maladies chroniques.

De plus, le gouvernement a prévu de transférer 4,5 milliards d'euros de l'État vers la Sécurité sociale. Néanmoins, ces transferts sont perçus comme une simple mascarade, camouflant les véritables déficits. Ils ne seront effectifs que si le budget de l'État est voté, ce qui n'est pas encore garanti.

Le gouvernement défend son approche, arguant qu'il vaut mieux avoir un "compromis" coûteux qu'aucun vote, qui plongerait les marchés dans l'incertitude. Les décisions prises illustrent un équilibre délicat entre les besoins sociaux immédiats et la gestion rigoureuse des finances publiques.

La Cour des comptes : Un Avertissement Ignoré

La dérive budgétaire actuelle pourrait avoir des conséquences redoutables. En mai , la Cour des comptes avertissait des risques d'une crise de liquidités pouvant menacer la pérennité même du système de Sécurité sociale. La dette de cette institution repose sur l'Acoss (Agence centrale des organismes de Sécurité sociale), qui emprunte sur les marchés financiers.

Le rapport de la Cour signalait que l'Acoss est vulnérable aux fluctuations des taux d'intérêt à court terme, augmentant ainsi le risque d'un surcroît de frais d'intérêt. Plus alarmant encore, la Cour attirait l'attention sur un seuil d'alerte : un endettement supérieur à 70 milliards d'euros par an, qui pourrait être atteint dès 2027, rendant le financement de la Sécurité sociale de plus en plus problématique.

Les évaluations actuelles estiment que la dette pourrait dépasser 110 milliards d'euros d'ici 2028 si rien n'est fait. Les experts préconisent donc des mesures d'économies qui pourraient atteindre 20 milliards d'euros sur l'assurance maladie, une solution que le gouvernement semble ignorer pour l'instant, préférant s'engager sur des dépenses supplémentaires plutôt que sur des réformes structurelles.

Les décisions budgétaires adoptées ce mardi risquent de marquer un tournant décisif pour l'avenir de la Sécurité sociale en France. Les acteurs politiques et économiques doivent prendre conscience des enjeux à long terme qui se cachent derrière ces chiffres. La responsabilité collective de garantir un système de santé soutenable incombe à tous, mais les choix faits aujourd'hui pourraient avoir des répercussions durables sur le paysage socio-économique français.

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