Le climat d'instabilité croissant entre le Pakistan et l'Afghanistan appelle à une attention plus soutenue. Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a exprimé sa condamnation, ce dimanche 12 octobre, face aux "provocations" de l’Afghanistan, qui a lancé une offensive militaire contre des soldats pakistanais.
EN BREF
- Les tensions entre le Pakistan et l'Afghanistan s'intensifient suite à des affrontements à la frontière.
- Shehbaz Sharif a promis une réponse forte aux provocations afghanes.
- Le groupe taliban pakistanais TTP intensifie ses attaques, ajoutant à la complexité de la situation.
Shehbaz Sharif a précisé que "Il n'y aura aucun compromis sur la défense du Pakistan, et chaque provocation sera suivie d'une réponse forte et efficace." Dans ce contexte tendu, les accusations se multiplient entre les deux États. Le gouvernement afghan a en effet rapporté avoir mené, le samedi soir, une opération "de représailles" en réponse à une série de frappes aériennes pakistanaises sur son territoire. Selon le porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid, ces affrontements auraient causé la mort de 58 soldats pakistanais ainsi que de 9 talibans, des chiffres qui n'ont pas été confirmés par Islamabad.
De son côté, l'armée pakistanaise a signalé la mort de 23 soldats en défendant l'intégrité territoriale du pays et a affirmé avoir "neutralisé plus de 200 talibans et terroristes affiliés". Cette escalade fait suite à une série d'explosions en Kaboul, où le ministère afghan a attribué la responsabilité au Pakistan, amplifiant encore plus les tensions.
Tensions Historiques et Conflits Frontaliers
Les relations entre Pakistan et Afghanistan sont marquées par des historique de conflits et de violences sporadiques depuis des décennies. Le retour au pouvoir des talibans afghans en 2021 a mis en lumière ce qu'Islamabad perçoit comme un soutien aux talibans pakistanais, ou TTP, qui ne cessent d’intensifier leurs attaques sur le sol pakistanais. Ce groupe, formé en réponse aux opérations militaires contre les talibans, a causé des centaines de morts parmi les forces de sécurité pakistanaises ces dernières années.
Le ministre de l'intérieur pakistanais, Mohsin Naqvi, a récemment averti : "L'Afghanistan joue avec le feu et le sang." Dans son discours, il a promettait une réponse disproportionnée à toute agression contre le pays, évoquant même des parallèles avec les tensions historiques avec l’Inde. Cela illustre un climat de peur qui règne sur toute la région.
La montée des violences a été également observée au sein même du Pakistan. Le TTP a revendiqué des attaques mortelles dans le nord-ouest, faisant état de 23 morts dans une seule de ses opérations. Plusieurs spécialistes s'inquiètent de ce que les talibans afghans prennent racine comme un bastion de terrorisme, entraînant une escalade de violence fragile.
Appels à la Retenue
À l'échelle internationale, le haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés, Filippo Grandi, a exprimé sa préoccupation face à cette situation explosive. Il a déclaré que la frontière, déjà fragile, ne peut se permettre d'accumuler davantage de conflits et de crises humanitaires. Les appels à la retenue viennent également d'autres nations de la région, notamment l'Iran et des alliés du Pakistan comme l'Arabie saoudite, qui exhortent les deux pays à privilégier le dialogue.
Les conséquences de cette escalade sont sévères, tant pour les populations civiles que pour la stabilité régionale. Les efforts pour ramener les belligérants à la table des négociations semblent illusoires, alors que le cycle de violence s’intensifie. Ce qui pourrait être un espace de paix se transforme peu à peu en un terrain de souffrance et de conflit permanent.
La situation exige une attention urgente et une volonté de coopération de toutes les parties prenantes. En ce moment, il semble que la peur et le silence l'emportent sur la voix de la raison.