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L'écologie : un défi déroutant et ses solutions, selon Antoine Buéno

by Matthieu Dourtou
Écologie : Défis et Solutions Inattendues avec Antoine Buéno

Pourquoi l'écologie est-elle si mal perçue ?

Alors que la COP30 s'achève ce 21 novembre, dans un contexte où les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont choisi de boycotter cet événement, la question de l’écologie se pose plus que jamais. En cette période de backlash écologique, il devient urgent de s'interroger : pourquoi l'écologie semble-t-elle tant rebuter une partie de la population ?

EN BREF

  • La perception négative de l'écologie touche diverses classes sociales, pas seulement les élites.
  • Les changements nécessaires à la transition écologique doivent se faire rapidement, en quelques décennies.
  • Des solutions réelles passent par l’incitation et la responsabilité individuelle plutôt que l'interdiction.

Éric Aeschimann, journaliste au Nouvel Obs, aborde cette problématique dans son ouvrage Les Vipères ne tombent pas du ciel. Ce livre audacieux met en lumière un fait troublant : la réticence envers l'écologie ne se limite pas aux grands acteurs tels que Total ou aux politiques comme Trump, mais s'étend également aux classes populaires. Cette observation invite à reconsidérer le récit souvent exclusif de l'écologisme.

Une transition complexe à réaliser

La transition environnementale représente un défi de taille. Pour décarboner notre monde, nous devons transformer en profondeur nos modes de production et de consommation dans un délai record, espéré entre vingt et cinquante ans. Ce rythme soulève de nombreuses questions : l'humanité est-elle capable d'un tel exploit ?

Historiquement, les sociétés ont montré leur capacité à se mobiliser face à des enjeux majeurs. Les pyramides en sont un exemple emblématique. Cependant, cette mobilisation exige une catalyse, que ce soit par la peur, l’intérêt ou la contrainte. En 2020, le confinement imposé face à la pandémie de Covid-19 a démontré cette capacité d'adaptation.

Actuellement, la crise environnementale ne génère pas la même réaction. Pour beaucoup, l’angoisse du manque à gagner pèse plus lourd que la menace écologique. Comme le souligne Pablo Servigne, il est évident que l'aspect tangible de notre quotidien l'emporte sur des rapports distants et théoriques sur la crise du climat.

Les limites des approches actuelles

La contrainte semble être l'unique levier qui nous reste pour agir face à l'urgence environnementale. Cependant, cette contrainte n’est guère efficace sans d'autres motivations. L'écologie politique se heurte donc à deux obstacles majeurs : d'une part, la résistance des industriels et des agriculteurs à adopter de nouveaux procédés, et d'autre part, l'impopularité des politiques écologiques.

Pour réussir la transition, les acteurs de l'écologie sont souvent tentés de recourir au catastrophisme pour susciter une réaction. Ce discours, bien que potentiellement mobilisateur, risque de créer un sentiment d’impuissance et d’agacement chez les citoyens. Face à cette position, il est essentiel de se concentrer sur des solutions véritablement incitatives.

Vers des solutions pragmatiques

Il existe des alternatives viables pour favoriser un changement. D’une part, le principe de l'auto-contrainte pourrait permettre de rendre les citoyens acteurs de leur propre transition. Ainsi, taxer les comportements polluants peut s'avérer plus efficace que d’interdire. Quand le coût augmente, c'est l'individu qui fait des choix réfléchis plutôt que d'être contraint par une législation.

Ensuite, il est impératif de soutenir économiquement ceux qui sont les plus affectés par les nouvelles normes environnementales. Comme le souligne le rapport Pisany-Ferry, la transition nécessite des investissements conséquents et une redistribution des richesses. Des exemples de réussite, comme le développement des véhicules électriques ou les efforts de décarbonation en Chine, témoignent que des solutions pragmatiques peuvent relier des intérêts écologiques et économiques.

Ce tournant vers une écologie réaliste et acceptée par tous est encore possible. En gardant à l'esprit que la responsabilité, la solidarité et des mesures incitatives, et non pas uniquement la contrainte, sont la clé d'un avenir durable, il est temps de penser à des solutions efficaces et acceptables pour l'ensemble de la société.

*Essayiste et prospectiviste, Antoine Buéno est notamment l'auteur de Faut-il une dictature verte ? et Futur, notre avenir de A à Z (Flammarion).

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