Seules 4 % des enseignants français considèrent leur profession comme valorisée, d’après la dernière enquête Talis de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Cette étude, qui couvre l'enseignement et l'apprentissage à travers le monde, révèle une baisse significative de la satisfaction des enseignants français par rapport à d'autres pays. En effet, tandis que 90 % de leurs homologues dans les nations observées se disent satisfaits de leur emploi, seulement 79 % des enseignants de l’Hexagone partagent ce sentiment, un chiffre en recul par rapport aux années précédentes.

Une enquête révélatrice

Avec plus de 280 000 enseignants interrogés dans 55 pays, l'enquête Talis de 2024 souligne que la France se distingue par une insatisfaction marquée parmi ses enseignants. Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l’OCDE, affirme :

« Il faut aujourd’hui peut-être rouvrir ce grand chantier du métier d’enseignant en France. »

Le manque de reconnaissance de la profession, tant par les élèves que par les décideurs politiques, en est sans doute l'une des principales raisons. Pour illustrer cette situation, seulement 4 % des enseignants estiment que leur métier est respecté par la société, un chiffre alarmant lorsqu'on le compare à la moyenne de l'OCDE, qui se situe à 20 %.

Les enjeux de la reconnaissance

Le rapport souligne également que les enseignants qui perçoivent leur profession comme valorisée sont 10 % moins enclins à envisager un départ du système éducatif dans les cinq prochaines années. Ainsi, la question de la reconnaissance devient primordiale dans le maintien du personnel enseignant dans le métier.

Par ailleurs, il est à noter que moins d’un enseignant sur dix se sent écouté par les décideurs politiques. À ce sujet, un rapport comparatif montre que si 55 % des enseignants estiment être valorisés par les élèves dans leur établissement, ce chiffre est largement inférieur à la moyenne de l’OCDE qui atteint 71 %.

Des constats préoccupants sur les salaires

Les enseignants français font également état d'une insatisfaction face à leurs salaires. Actuellement, seuls 27 % des professeurs de collège et 22 % de ceux du primaire se déclarent satisfaits, alors que la moyenne de l'OCDE s'établit à 40 %. Ce constat renforce l’idée que les conditions de travail et la reconnaissance salariale jouent un rôle clé dans l'engagement et le moral des enseignants.

Des lacunes dans la formation pédagogique

Les enseignants ont fait part de préoccupations concernant leur formation. seulement 50 % des jeunes enseignants en collège estiment avoir reçu une formation adéquate en pédagogie, et ce chiffre tombe à 34 % dans le primaire. Cette insuffisance dans la préparation pourrait expliquer les difficultés rencontrées au quotidien dans le milieu scolaire. De plus, près de 49 % des enseignants affirment être contraints de mettre en œuvre des changements sans les ressources nécessaires, ce qui est nettement supérieur à la moyenne de l’OCDE (31 %).

Pour l’OCDE, ces résultats appellent à une réforme systémique du métier d’enseignant en France. La réforme de la formation initiale, qui ramènera les exigences de formation à un niveau de bac + 3, pourrait potentiellement attirer davantage d'individus vers le métier et améliorer la perception de la profession dans son ensemble.