Le Premier ministre a notamment proposé de transférer leurs compétences au profit des préfets et des départements.
EN BREF
- L'Ordre des médecins s'inquiète du projet de réorganisation des Agences régionales de santé (ARS).
- Ce projet pourrait mener à la suppression des ARS d'ici 2026, une réforme jugée préoccupante pour la profession.
- Les ARS jouent un rôle clé dans la régulation de l'offre de santé et la préparation aux crises sanitaires.
Le vendredi 21 novembre, l'Ordre national des médecins a exprimé une vive inquiétude concernant le projet de Sebastièn Lecornu, ministre des Collectivités territoriales. Ce projet vise à transférer les compétences actuellement dévolues aux Agences régionales de santé (ARS) vers les préfets et les conseils départementaux. Une telle initiative suscite des interrogations légitimes parmi les professionnels de santé et les élus locaux.
Dans un communiqué, l'Ordre des médecins a souligné : "La priorité ne réside pas dans la disparition de cet échelon régional, mais dans la redéfinition de ses missions et le renforcement de ses capacités d'action pour répondre aux réalités sanitaires des territoires". Cette déclaration reflète une préoccupation partagée par d'autres acteurs de la santé, qui craignent une dilution des responsabilités en matière de santé publique.
Les Agences Régionales de Santé : un pilier de la santé publique
Créées en 2010, les ARS sont des entités essentielles au bon fonctionnement de notre système de santé. Avec près de 8000 agents, elles se sont imposées comme le bras armé de l'État pour mettre en œuvre la politique de santé au plus près des citoyens. Parmi leurs missions figurent :
- La veille sanitaire et la préparation aux situations de crise.
- La régulation de l'offre de santé, notamment dans les établissements hospitaliers et les Ehpad.
- La coordination des actions de santé publique et de prévention.
Cependant, leur gestion a souvent été remise en cause par les élus locaux qui les accusent de bureaucratisme et d’inefficacité. Ces critiques soulignent un fossé entre la direction politique et les réalités du terrain.
Dans cette perspective, le Premier ministre a adressé un message fort lors de son intervention devant l’Assemblée des départements de France, en proposant de confier aux départements une part des recettes de la Contribution sociale généralisée (CSG) pour financer la Sécurité sociale. Cette proposition vise à redéfinir les contours de la gouvernance sanitaire et à renforcer la participation des collectivités locales dans la prise de décision.
L'Ordre des médecins, dans son communiqué, appelle à un "recentrage des ARS sur leurs compétences sanitaires" et à une "autonomie renforcée" dans l'application des politiques nationales. Ils estiment également que les ARS doivent impliquer davantage les élus locaux, car ceux-ci jouent un rôle crucial dans la compréhension des réalités de terrain.
Face à ces changements potentiels, une question se pose : comment garantir que le passage de responsabilités aux préfets et au niveau départemental ne nuira pas à la qualité des soins dispensés aux citoyens ? La réponse réside peut-être dans une meilleure collaboration entre les différents niveaux de gouvernement et une écoute attentive des professionnels de santé.
Chaque acteur a un rôle à jouer. Le défi pour l’avenir sera de préserver l'efficacité des ARS tout en adaptant leur fonctionnement aux enjeux contemporains de la santé publique. À l'heure où des crises sanitaires de grande ampleur se succèdent, assurer une continuité des soins et la protection de la santé des citoyens devient indispensable. Ce débat ne fait que commencer et promet d'être au cœur des préoccupations des mois à venir.