Les tensions juridiques entre Slovaquie et Union européenne
Le 21 novembre, la Commission européenne a annoncé le lancement d'une procédure d'infraction contre la Slovaquie. Cette décision intervient à la suite de changements constitutionnels récents qui privilégient le droit national sur le droit européen. Une situation qui constitue un tournant majeur dans les relations entre la Slovaquie et les institutions européennes.
EN BREF
- La Commission européenne a engagé une procédure d'infraction contre la Slovaquie.
- Des amendements constitutionnels mettent en question la primauté du droit européen.
- Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, refuse de modifier ces amendements.
Ces amendements, adoptés en septembre, affirmant la souveraineté slovaque dans les domaines de l’identité nationale, de la santé, de la science, de l’éducation ainsi que de l’état civil, restreignent également les droits des couples de même sexe. Le Premier ministre nationaliste Robert Fico a présenté ces changements comme une « étape historique » pour la Slovaquie. Cependant, la Commission européenne les considère comme contraires au principe de la primauté du droit européen.
La réaction de la Commission européenne
Bruxelles a indiqué avoir exprimé ses préoccupations aux autorités slovaques avant l’adoption des amendements, précisant que leurs avertissements n'avaient pas été pris en considération. Cela démontre un fossé croissant entre les valeurs défendues par l’Union européenne et les orientations politiques adoptées par certains États membres.
Une réponse indéniable de la Slovaquie
La Slovaquie a désormais deux mois pour répondre aux préoccupations exprimées par la Commission. Pourtant, Robert Fico est catégorique : « Je peux confirmer à cent pour cent qu'il n'y aura aucun changement », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Cette position ferme est un indice des tensions politiques internes et de l’influence croissante de tendances nationalistes au sein du pays.
Les mesures similaires adoptées par la Hongrie, dirigée par Viktor Orban, soulignent un phénomène inquiétant au sein de l'Union. En effet, la Hongrie est également en proie à une procédure d'infraction de la part des institutions européennes. Cette situation évoque des souvenirs récents, lorsque la Pologne avait mis en doute la primauté du droit européen en 2021, une violation des traités dénoncée par Bruxelles.
Quelles conséquences pour la Slovaquie ?
Les implications de ces tensions sont multiples. D’un côté, la Slovaquie pourrait faire face à des sanctions financières ou à une perte de fondements de l'Union européenne, des éléments cruciaux pour son développement économique et social. De l’autre, cette position défensive pourrait renforcer le soutien populaire à Fico et à son gouvernement, un phénomène qui s’est déjà manifesté par la mobilisation de certains groupes en faveur de la souveraineté nationale.
La situation actuelle reflète des inquiétudes grandissantes concernant la préservation des valeurs européennes face à des gouvernements de plus en plus souverainistes. Tandis que l'UE tente de maintenir une cohésion entre ses membres, des fractures pourraient se creuser si des pays continuent à ignorer les principes fondamentaux de l’Union.
La Slovaquie se trouve donc à un tournant, oscillant entre le respect des normes européennes et la volonté de préserver son identité nationale. Cette situation soulève une question cruciale : jusqu’où des États membres pourront-ils aller sans altérer le cadre juridique qui lie l’ensemble de l’Union ?