Le président de la République française, Emmanuel Macron, a souligné son opposition à une signature rapide de l'accord commercial avec le Mercosur. Cette décision est motivée par l'absence de garanties sur des conditions jugées essentielles par Paris.
EN BREF
- Emmanuel Macron s'oppose à un vote rapide sur l'accord avec le Mercosur, citant des conditions essentielles non satisfaites.
- Giorgia Meloni, la Première ministre italienne, partage des réserves similaires, déclarant qu'il est "prématuré" de signer prochainement.
- La ratification de cet accord commercial, qui pourrait créer la plus grande zone de libre-échange, dépend d'une majorité qualifiée des États membres de l'UE.
Le 17 décembre, lors du Conseil des ministres, Emmanuel Macron a confirmé sa position vis-à-vis de l'accord commercial controversé avec les pays du Mercosur. Le président de la République a exprimé sa détermination, affirmant que "la France s'opposerait de manière très ferme" si l'Union européenne tentait de "passer en force" pour ratifier l'accord sans garantir le respect de conditions précises. Trois exigences essentielles doivent être remplies : les mesures miroir, la clause de sauvegarde et les contrôles.
La porte-parole du gouvernement français, Maud Brégeon, a précisé que le chef de l'État estime qu’"il n'y a pas de visibilité suffisante" pour envisager une signature immédiate. Ce ton ferme s'inscrit dans un contexte de mécontentement croissant parmi les agriculteurs français, qui craignent les répercussions d'un tel accord sur leur secteur.
Dans le même temps, le Premier ministre Sébastien Lecornu a mis en garde l'Assemblée nationale, en affirmant que "si la Commission européenne souhaite passer en force en cette fin de semaine", la France votera contre. Ce discours marque une solidarité entre les principaux acteurs politiques français sur une question sensible qui concerne l’agriculture et le commerce extérieur.
Il est important de noter que la France n'est pas isolée dans sa résistance à cet accord. En Italie, la Première ministre Giorgia Meloni a également jugé "prématuré" le passage à la signature prévue dans les jours à venir. La position de l'Italie est considérée comme déterminante, renforçant ainsi la pression sur Bruxelles, où Paris plaide pour un report de la ratification de l'accord jusqu’en 2026.
Sur le plan européen, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, espère une ratification lors d'un sommet du Mercosur prévue ce samedi à Foz do Iguaçu, au Brésil. Néanmoins, pour cela, elle devra obtenir l'approbation d'une majorité qualifiée d'États membres lors d'une réunion cruciale programmée ce jeudi. Des pays comme l'Allemagne et l'Espagne soutiennent fermement la signature rapide de cet accord.
Il est aussi utile de rappeler que cet accord pourrait constituer la plus vaste zone de libre-échange au monde. Il permettrait à l'Union européenne d'accroître ses exportations de véhicules, de machines, de vin et de spiritueux vers l'Amérique latine, tout en ouvrant les portes de l'Europe à des produits comme la viande bovine, le sucre, le riz, le miel et le soja en provenance d'Amérique du Sud.
La France, tout en avouant ne pas considérer "comme acquis" un report, se félicite du soutien grandissant d'autres États européens. Maud Brégeon a affirmé que la position italienne était la preuve que "la France n'est pas seule" et que "d'éminents pays européens sont alignés avec notre position".
Ce débat autour de l'accord avec le Mercosur souligne une fois de plus les tensions intra-européennes sur la question du commerce international. Les préoccupations des agriculteurs et des consommateurs pourraient-elles entraver la signature d'un accord que l'Union souhaite voir entrer en vigueur rapidement ? Les jours à venir s'annoncent décisifs pour l'avenir de cet accord et pour la stratégie commerciale de l'Union européenne.