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Mali : la France rapatrie des fonctionnaires face à la menace djihadiste à Bamako

by Matthieu Dourtou
Retrait stratégique : la France évacue ses agents en raison de la menace djihadiste à Bamako

Un nouveau chapitre inquiétant de la dégradation sécuritaire au Mali se dessine. Ce vendredi, le gouvernement français a annoncé le retrait imminent d’une partie de son personnel de l’ambassade et du consulat général à Bamako, la capitale. Cette décision fait suite à l'escalade des tensions provoquées par le groupe djihadiste JNIM (groupe de soutien à l'islam et aux musulmans), affilié à Al-Qaïda, qui a intensifié son blocus sur la ville. Selon les dernières informations, ce retrait concernera entre un quart et un tiers des expatriés, soit environ une douzaine de personnes, qui devront regagner la France dans les jours à venir. Les établissements scolaires français, dont le célèbre lycée Liberté, seront également affectés par ces évolutions.

EN BREF

  • La France réduit son personnel diplomatique à Bamako face à la menace djihadiste.
  • Le JNIM impose un blocus, aggravant la situation économique du pays.
  • La sécurité des ressortissants français au Mali devient une priorité pour le gouvernement.

Un personnel réduit face à la menace

La décision de réduire le nombre de Français présents au Mali a été officialisée lors d'une réunion au centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère des Affaires étrangères. Cette réunion a rassemblé des diplomates, des militaires et des responsables du renseignement afin d'évaluer la gravité de la situation. Avec le départ programmé d'une douzaine de fonctionnaires, il s'agit d'un signe fort de l'inquiétude qui règne quant à la sécurité des personnels diplomatiques.

Depuis le retrait des dernières troupes françaises en 2022, la France met en garde ses citoyens contre tout voyage au Mali. En l'espace de cinq ans, la communauté française a vu sa taille réduire de moitié, n'étant plus que 4 000 à vivre sur place, souvent des binationaux à forte attache locale.

Des tensions palpables dans l'économie malienne

La situation économique du Mali s'avère de plus en plus précaire, exacerbée par le blocus imposé par le JNIM. Ce dernier a récemment intensifié son siège sur la capitale, limitant les importations, notamment celle de carburant. Ce blocus aggrave chaque jour un peu plus l'étouffement économique du pays sahélien. En parallèle, certains camions ont fait leur apparition à Bamako ces derniers jours, mais les experts estiment que cette situation risque d'être de courte durée.

L'objectif des djihadistes est clair : faire tomber la junte militaire menée par le président Goïta, arrivé au pouvoir suite à deux coups d'État en 2020 et 2021. Bien que le JNIM ait jusqu'à présent évité de cibler directement les ressortissants français, une telle évolution pourrait entraîner une précipitation à l'évacuation des expatriés.

Une vigilance accrue nécessaire

Face à ces menaces, le gouvernement français adopte une posture de prudence. Aucun état d'urgence n'a été déclaré car la situation n'est pas encore jugée catastrophique. Toutefois, les autorités prônent une « grande vigilance », cherchant à anticiper les éventuels développements d'une situation déjà délicate. Au CDCS, la stratégie repose sur une gestion mesurée, balisant les actions à mener « ni trop tôt, ni trop tard », comme l'affirme souvent le Quai d'Orsay.

Dans le cas d'une dégradation sévère de la situation, l'évacuation d'urgence pourrait s'avérer complexe. En effet, sans nombre suffisant de ressortissants à quitter le pays, l’efficacité d'une opération d'évacuation, ou même d'une extraction militaire, serait compromise.

La situation au Mali, marquée par l'absence de solutions maritimes en raison du manque de littoral, ainsi que le contrôle djihadiste des routes terrestres vers les pays voisins, complique encore la donne. Dans cette configuration difficile, le gouvernement avance lentement, cherchant à éviter une crise tout en protégeant au mieux ses ressortissants.

Alors que l'avenir du Mali semble sombre, la posture de la France reste celle de l’anticipation. La réalité sur le terrain impose une réflexion collective sur les moyens à mettre en œuvre pour faire face à un contexte de plus en plus dangereux.

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