La naturopathie et d'autres pseudo-thérapies représentent un risque réel pour la santé publique. Margot Brunet, journaliste scientifique, en a pris pleine mesure lors du procès de Miguel Barthélémy, un naturopathe accusé du décès de Charles B., un jeune homme de 40 ans atteint d'un cancer des testicules. Cette tragédie soulève la question : sans ce naturopathe, Charles B. serait-il encore en vie ? La journaliste, désireuse d’explorer cette problématique, s’est engagée à écrire un livre intitulé Naturopathie, l'imposture scientifique, qui paraîtra le 9 octobre.
EN BREF
- La mécanique de propagande des pseudo-thérapies en France questionne la santé publique.
- Margot Brunet dénonce le risque de légitimation de la naturopathie à travers une norme Afnor à venir.
- Les formations de naturopathes reposent sur des bases souvent douteuses et potentiellement dangereuses.
Dans cet ouvrage, elle examine non seulement les difficultés auxquelles fait face la médecine moderne, mais aussi les stratégies commerciales des naturopathes. Loin d'être des pratiques innocentes, ces méthodes peuvent engendrer de graves conséquences pour la santé des patients.
Brunet souligne que la réglementation de la naturopathie, via une éventuelle norme de l'Association française de normalisation (Afnor) prévue pour 2025, pourrait mener à une forme de reconnaissance trompeuse de ces pratiques, qui n'ont pas prouvé leur efficacité. Le danger réside dans le fait qu'une norme ne garantit pas la qualité scientifique des thérapies proposées.
À l'heure actuelle, la structuration d'un véritable système de santé parallèle observe une tendance croissante en France. Les acteurs de ces pratiques imitent les institutions sanitaires, créant des structures d'agrément et initiant des serments, tels que celui des naturopathes, sans disposer d'une légitimité reconnue. Ce paradoxe soulève des interrogations sur la protection du public face à des soins non réglementés.
Un autre aspect préoccupant concerne le remboursement par certaines mutuelles. Cela peut induire en erreur les patients, leur laissant penser que ces pratiques sont validées scientifiquement. Les naturopathes agissent souvent comme des généralistes, proposant des traitements tout en orientant vers d'autres pseudo-thérapies, engendrant une spiralisation de la désinformation.
Brunet explique qu’elle a initialement ressenti de l’attraction pour ces méthodes alternatives, mais a vite constaté que très peu de praticiens authentiques s'éloignaient des discours dangereux. Beaucoup d’entre eux se méfient des vaccins et des traitements modernes, devenant ainsi des vecteurs de désinformation à travers leurs formations mal orientées. À mesure que ces pratiques se multiplient, les patients, en recherche de solutions à leur mal-être, se laissent piéger dans un cycle de traitements sans fondement vérifiable.
Les pouvoirs publics demeurent largement passifs face au phénomène croissant des pseudo-thérapies. Pour Margot Brunet, il est crucial de réglementer l’usage des termes tels que "médecine". Si l'activité de ces praticiens n'est pas clairement définie et encadrée, la confusion entre thérapeutes reconnus et pseudo-thérapeutes va perdurer. La vigilance doit donc s'intensifier afin de protéger les patients et éviter des dérives qui pourraient avoir des conséquences fatales.
En somme, la propagation de ces thérapies alternatives, particulièrement au travers des réseaux sociaux, pose question. Les générations futures pourraient être davantage exposées à des discours anti-science, entraînant une méfiance généralisée envers la médecine conventionnelle. Ainsi, il devient urgent d’initier un dialogue constructif sur la santé, la prévention et l’importance d’un accès sécurisé à des soins de qualité. Cette réflexion ne peut se faire sans une remise en question des pratiques de certains acteurs de la santé.
*Naturopathie, l’imposture scientifique, Margot Brunet, Les échappés, 224 pages, 19,50 euros.