Home ActusNews Maria Corina Machado, Prix Nobel de la paix : « Le dernier mot appartient au peuple vénézuélien »

Maria Corina Machado, Prix Nobel de la paix : « Le dernier mot appartient au peuple vénézuélien »

by Matthieu Dourtou
Maria Corina Machado: La voix du peuple vénézuélien pour la paix.

Maria Corina Machado : Combat pour la Liberté et la Démocratie

Maria Corina Machado, opposante vénézuélienne, a reçu ce 10 décembre le prix Nobel de la paix 2025 pour son combat acharné en faveur de la démocratie. Contrairement à de nombreux lauréats, elle n’a pu se rendre à Oslo, contrainte qu’elle est de vivre dans la clandestinité, loin des yeux du régime de Nicolás Maduro. Ce prix représente non seulement un symbole de reconnaissance de son travail, mais aussi un appel à tous les Vénézuéliens à continuer le combat pour la liberté. Sa fille a eu l'honneur de lire son discours, rappelant la nécessité cruciale de lutter "pour la liberté". Dans un entretien exclusif accordé à Patrick Wajsman, directeur de la revue Politique internationale, et à Catalina Marchant de Abreu, journaliste à Al Arabiya English, elle partage ce parcours inoubliable et d'une profonde signification.

EN BREF

  • Maria Corina Machado reçoit le prix Nobel de la paix pour son engagement en faveur de la démocratie au Venezuela.
  • Elle appelle les Vénézuéliens à s'unir et à défendre leur dignité face à la répression.
  • Le soutien international est crucial pour conduire le Venezuela vers une transition démocratique.

Dans cet entretien, Maria Corina Machado évoque son "Manifeste de la Liberté", qui s'inscrit dans un parcours personnel riche en luttes et en réflexions. Elle souligne que sa conception de la liberté n’est pas le produit d’un seul événement, mais plutôt d’une longue accumulation d’expériences façonnées par l’histoire. Pour elle, la perte de la démocratie au Venezuela a été le moment catalyseur de sa prise de conscience. "Nous avons été plongés dans un abîme lorsque Hugo Chavez, un militaire putschiste, a été élu président", confie-t-elle. Ce changement a bouleversé non seulement la vie des Vénézuéliens, mais aussi leur perception de leur place dans le monde. Pour elle, la véritable lutte commence par la reconnaissance de la dignité humaine, qui est essentielle à la liberté individuelle et collective.

Interrogée sur sa décision d'entrer en politique, Machado explique : "C'est en voyant mon pays s'effondrer entre les mains de putschistes que j'ai décidé d'agir." En débutant par des actions en faveur de la transparence électorale, elle a vite compris que son rôle devait s'élargir. Un parcours témoignant d’une détermination inébranlable à défendre la démocratie, reflet d'un profond amour pour sa patrie.

Elle exprime également l'importance de la dignité dans le combat actuel. Face à une crise profonde, elle affirme : "Le chavisme a blessé notre identité nationale", ajoutant que la dignité est le socle de toute résistance. Les promesses d’un avantage matériel ne peuvent plus séduire le peuple vénézuélien, qui cherche à retrouver une identité perdue. D'où l’importance d’un discours axé sur la dignité, élément central de sa vision politique.

Lorsqu’on évoque les difficultés rencontrées, son désenchantement à propos de l'élection présidentielle de 2024, marqué par une disqualification illégale par le régime, surgit. Elle rappelle : "J'avais obtenu 93% des voix lors des primaires", affirmant sa détermination à poursuivre le combat pour les valeurs démocratiques et à veiller à ce qu'un candidat démocrate puisse se présenter. Avec Edmundo Gonzalez, président élu, elle se projette vers un avenir où la voix du peuple sera enfin entendue.

Maria Corina Machado : "La majorité des militaires souhaitent, comme nous, un changement."

La question de la société civile est également cruciale. Machado souligne qu’elle ne pourra pas seule provoquer la chute du régime. Les Vénézuéliens ont épuisé tous les moyens pacifiques, et le défi demeure immense : mobiliser un pays entier pour faire face à une autocratie qui refuse de céder. "C'est un combat quotidien", insiste-t-elle, et l'héritage de cette lutte définit leur volonté de résistance. Malgré une répression brutale, la détermination du peuple est réaffirmée chaque jour, et cette union est, pour elle, la clé du changement à venir.

Sur le rôle de l'armée, Machado avoue sa conviction que nombre d'entre eux aspirent au changement. "Ils ont désobéi aux ordres de Maduro", rappelle-t-elle, témoignant de la complexité de la situation. Pour Machado, le soutien démocratique international est indispensable, mais la fin du régime doit résulter principalement d’une pression intérieure.

En ce qui concerne le rôle des pays d'Amérique et notamment de l'Europe, la communication de la France est déterminante. Machado attend des alliés un soutien ferme et cohérent face aux violations des droits de l'homme à l'intérieur du pays et une coopération pour constituer un nouveau Venezuela. "Il est impératif de respecter notre souveraineté", conclut-elle.

Enfin, en prêtant attention à la diaspora vénézuélienne, qui représente un tiers de la population, elle se projette vers un avenir où le retour au pays de ces milliers de Vénézuéliens est non seulement souhaité mais également facilité par l'État. "Ils reviendront avec des expériences enrichissantes", conclut-elle, témoignant de son espoir pour l'avenir du Venezuela. Tout cela sera dans le but de revivifier la nation vers une démocratie retrouvée, où la liberté, la dignité et la paix prévaudront.

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