Home ActusNews Menaces aériennes russes : l'Europe est-elle vraiment prête ?

Menaces aériennes russes : l'Europe est-elle vraiment prête ?

by Matthieu Dourtou
Europe Face aux Menaces Aériennes Russes : Préparation et Réalité

Menaces aériennes : les drones russes et la riposte européenne

Ce mardi 22 septembre, une soirée qui s’annonçait ordinaire a rapidement basculé dans l’inquiétude à l’aéroport de Copenhague. Lærte, une lycéenne danoise, a partagé son expérience en direct sur la chaîne nationale DR1 alors qu'elle était bloquée dans son avion sur le tarmac, attendant l’autorisation de décoller. Trois drones ont été aperçus survolant la piste, entraînant une interruption du trafic aérien pendant quatre heures. Cette situation a révélé une réalité troublante pour le Danemark, un petit pays nordique de près de six millions d’habitants.

EN BREF

  • Après une intrusion de drones à l'aéroport de Copenhague, le Danemark renforce sa vigilance face à la menace russe.
  • Les pays européens intensifient leur coopération militaire pour contrer ces nouvelles menaces aériennes.
  • La Russie pourrait produire jusqu'à 190 drones par jour, augmentant ainsi la pression sur la défense européenne.

La réaction du gouvernement danois a été immédiate. Mette Frederiksen, la Première ministre, a qualifié cette intrusion d’« attaque la plus grave contre une infrastructure critique » dans le pays. Cependant, cet incident n’est pas isolé : en seulement une semaine, d’autres aéroports ainsi que plusieurs bases militaires au Danemark ont subi des menaces similaires, sans oublier des cas signalés en Allemagne et en Belgique. Si l’origine de ces drones reste officiellement "inconnue", nombreux sont ceux à pointer du doigt la Russie, qui a déjà été détectée en action au-dessus de plusieurs pays d’Europe de l’Est.

La situation a suscité un véritable branle-bas de combat à travers les capitales européennes. Berlin a déployé une frégate de défense antiaérienne dans les eaux de la mer Baltique, et Paris a engagé un hélicoptère et une équipe d’experts en lutte anti-drone. Ce niveau d’alerte est justifié par la tenue imminente d’un sommet européen à Copenhague les 1er et 2 octobre prochains. La menace russe demeure omniprésente, et l’appel à une réponse forte s’est fait entendre, notamment de la part de Mette Frederiksen, qui souligne que « nous n'avons qu'un pays prêt à nous menacer, c'est la Russie ».

Un péril croissant pour l'Europe

Les experts s'inquiètent des capacités de frappe des forces russes. La guerre en Ukraine a mis en lumière des tactiques de guerre moderne, et la prolifération de drones comme les Geran-2, qui sont des copies des modèles iraniens Shahed, alerte les responsables militaires européens. Ces nouvelles armées de drones représentent un défi crucial, surtout face à des systèmes de défense qui peinent à intercepter de grandes quantités de drones.

De l'avis de Yohann Michel, responsable du pôle puissance aérienne à l’Institut d’études de stratégie et de défense (IESD), « nous manquons actuellement de moyens ». La France, par exemple, a annoncé l'ouverture d'une enquête sur le navire russe "Boracay", soupçonné d’être impliqué dans ces survols. Les avions de chasse, bien qu'efficaces pour faire face aux menaces aériennes traditionnelles, se retrouvent légèrement dépassés par la nature des attaques actuelles.

Des solutions en cours d'élaboration

Face à la montée de cette menace, l'Europe envisage plusieurs réponses. L'idée d'un "mur de drones" a été avancée, un système de défense aérienne multicouche capable de détecter et neutraliser rapidement de telles menaces. Les pays baltes, en première ligne de cette crise, plaident pour la création d'une telle architecture défensive afin d’ériger un bouclier autour de leurs frontières.

Les industriels européens commencent également à réagir. La France, par exemple, a mis en avant des solutions innovantes tout en s’appuyant sur la coopération avec d'autres nations, notamment l'Ukraine, pour partager des connaissances sur la lutte anti-drones. Les leçons tirées du conflit en Ukraine pourraient s’avérer précieuses alors que l'armée ukrainienne affiche un taux d'interception des drones de près de 85 % grâce à un système de défense aérienne raffiné.

La collaboration avec l’Ukraine est déjà en cours, notamment par l'envoi d'équipes d’experts militaires en Ukraine pour échanger des tactiques et des stratégies. La tension monte alors que le nombre de drones russes s'accroît, rendant la situation alarmante pour les pays européens, qui redoublent d’efforts pour se préparer à d'éventuelles escalades futures.

La défense européenne, face à une nouvelle ère de guerre aérienne, doit évoluer rapidement. Les solutions existantes, bien qu'efficaces contre des avions de chasse, semblent inadaptées pour contrer la menace grandissante des drones. Adopter une approche proactive et renforcer les coopérations au sein de l'OTAN ainsi qu'avec des alliés comme l'Ukraine s'avère plus que jamais nécessaire si l'on veut préserver la paix et la sécurité sur le continent.

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