Après la condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison, la présidente du tribunal correctionnel de Paris fait l'objet de nombreuses menaces de mort sur les réseaux sociaux. Invitée sur France Inter, Peimane Ghaleh-Marzban dénonce "une véritable dérive dans notre démocratie".
EN BREF
- Nicolas Sarkozy condamné à cinq ans de prison dans l'affaire de financement libyen de son élection de 2007.
- Menaces de mort ciblant la juge présidente du tribunal, Peimane Ghaleh-Marzban.
- Appel à prendre ces menaces au sérieux pour préserver l’État de droit en France.
Ce lundi, lors d'un entretien sur France Inter, Peimane Ghaleh-Marzban, présidente du tribunal correctionnel ayant jugé Nicolas Sarkozy, a exprimé son indignation face aux menaces de mort reçues récemment par la juge. Elle a affirmé :
"C'est inacceptable et ça devrait être un électrochoc dans notre pays." Cette situation est survenue suite à la décision de justice rendue jeudi dernier, condamnant l'ancien président à cinq ans de prison, dont un an ferme pour des faits liés à des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
La peine infligée à Nicolas Sarkozy, qui est actuellement en train de préparer son appel, ne suspend cependant pas la mesure d'incarcération. L'ancien chef de l'État devra se présenter le 13 octobre prochain pour connaître sa date d'incarcération. Ce verdict a engendré une vague de critiques particulièrement virulentes provenant de l'aile droite et de l'extrême droite de la classe politique française, exacerbant ainsi les tensions au sein du paysage politique.
Peimane Ghaleh-Marzban a souligné la gravité des événements : "Ce qui se passe dans notre pays aujourd'hui est grave. C'est une véritable dérive dans notre démocratie." Elle a insisté sur le fait que les menaces contre les juges constituent une atteinte à l'État de droit, qui doit être dénoncée vigoureusement.
Peimane Ghaleh-Marzban, président du tribunal judiciaire de Paris
Le président du tribunal a également fait remarquer qu'il est tout à fait légitime d'avoir des débats sur les décisions de justice, mais il y a des limites à ne pas franchir : « Vous avez le droit de dire qu'une décision aurait dû être motivée autrement, mais discréditer un juge est une atteinte grave. » D'après lui, cette situation signalait déjà une crise récurrente, rappelant que c'était la deuxième fois en un an que des menaces de ce type étaient proférées à l'encontre des magistrats.
Peimane Ghaleh-Marzban a mis en avant la qualité des débats qui ont eu lieu lors de ce procès très médiatique : "Le jugement a été rendu minutieusement, justifié par 400 pages de délibérés." Elle a également précisé que le mandat de dépôt, bien que critiqué, est une pratique courante dans les juridictions françaises, adaptée à la situation professionnelle de l'ancien président.
Pour conclure, elle a réaffirmé : "Le fait d'avoir un mandat de dépôt avec effet différé tient compte de la réalité de la justice dans notre pays." La présidente a alors ouvert la porte à une réflexion plus large sur l'image de la justice en France, pointant du doigt un manque de compréhension de certaines de ses réalités par le public et les médias.