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Mercosur : la France choisit la fermeté face au risque d'isolement dans ses relations

by Matthieu Dourtou
Mercosur: La France opte pour la résilience face aux enjeux d'isolement.

Depuis près de vingt-cinq ans, l’Union européenne (UE) et quatre pays du Mercosur — Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay — s'efforcent de finaliser un accord de libre-échange. Ce partenariat ambitieux pourrait ouvrir les portes à un marché de 750 millions de personnes. Cependant, malgré de nombreuses tentatives de rapprochement, les discussions ont souvent échoué à l’étape finale. Alors que le 20 décembre 2024 approche, la Commission européenne espère signer cet accord au cours de la rencontre prévue à Foz do Iguaçu, au Brésil.

EN BREF

  • L'UE et le Mercosur tentent depuis 25 ans de conclure un accord de libre-échange.
  • Emmanuel Macron a demandé un report de l'examen de cet accord, suscitant des interrogations.
  • Les tensions autour de cet accord révèlent des divisions au sein de la société française.

Les négociations actuelles sont placées sous les auspices de Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui pourrait se rendre au Brésil si l'aval des États membres est donné. Cependant, un vent de changement a soufflé depuis que le président français, Emmanuel Macron, a exprimé le besoin de reporter l’examen de l’accord, comme l'a confirmé l’Élysée le 14 décembre. Cette demande résonne fortement au sein d’un contexte déjà tendu.

En France, ce sujet ne laisse personne indifférent. L'accord de libre-échange est fortement critiqué, non seulement par les représentants du secteur agricole, mais également par une grande partie du panorama politique. Bien que certaines voix s'élèvent en faveur de cet accord, en vantant les perspectives qu'il offrirait en termes d’exportations industrielles, la plupart des acteurs économiques et politiques demeurent sceptiques et prudents.

Quelques éléments aggravants semblent venir alourdir la discussion autour de cet accord crucial. L'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse qui touche le bétail et qui a conduit à des inquiétudes quant à la sécurité sanitaire des échanges, ainsi que les incertitudes liées au budget 2026, viennent rajouter des couches complexes aux négociations. De plus, l’horizon de la campagne électorale municipale de mars 2026 incite Emmanuel Macron à jouer la carte de la prudence.

Les répercussions d'un tel accord pourraient être redoutables pour une partie du tissu agricole français, qui ne cache pas ses craintes face à une éventuelle invasion de produits sud-américains à bas coûts. Les agriculteurs, déjà fragilisés par la crise actuelle, craignent légitimement pour leur avenir. Dans un climat où les inquiétudes face à la concurrence internationale sont palpables, nombre d'entre eux s'opposent à tout rapprochement avec ces pays, estimant que leurs intérêts économiques et sociaux ne pourraient qu’en pâtir.

Il est intéressant de noter que les balancements politiques sont également à l'œuvre. Alors que l’industrie, avec ses besoins d’ouverture vers de nouveaux marchés, semble nuancer ses positions, les méfiances demeurent omniprésentes. Le spectre de la désunion entre les agriculteurs et certaines industries économiques pourraient, dans cette dynamique, entraver davantage les discussions et les négociations. La véritable question qui se pose alors demeure : cet accord sera-t-il une opportunité ou un risque pour l'économie française ?

Dans cette atmosphère délicate, la gestion de l'accord de libre-échange avec le Mercosur pourrait bien devenir un test pour le gouvernement français, révélant non seulement ses priorités économiques, mais aussi sa capacité à naviguer dans les turbulences de la société.

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