Le phénomène du streaming en direct, qui attire une audience massive, traverse une zone de turbulence particulièrement troublante. Après le décès tragique de Jean Pormanove, âgé de 46 ans, durant une diffusion du programme Lokal, le parquet de Nice a décidé d'agir. La chaîne a été perquisitionnée et placée sous scellés à la suite de la diffusion de nouvelles mises en scène de violences, provoquant ainsi une onde de choc dans la sphère médiatique.
EN BREF
- La chaîne Lokal a été perquisitionnée après le décès de Jean Pormanove en direct.
- Une nouvelle enquête pour violences a été ouverte suite à des images diffusées.
- La relance du programme sur Twitch suscite des interrogations éthiques sur le contenu des streams.
Le 18 août dernier, Raphaël Graven, également connu sous le nom de Jean Pormanove, a perdu la vie dans des circonstances dramatiques, après avoir été exposé à des pratiques humiliantes en ligne. Ces événements tragiques ont mené à la fermeture temporaire de la chaîne, mais, fin août, son petit frère, Gwen Cenazandotti, a décidé de relancer les activités de la chaîne sur la plateforme Twitch, suscitant des interrogations éthiques au sein de la communauté des streamers.
Une Nouvelle Enquête Ouverte
Des extraits de ces nouvelles diffusions laissent entrevoir un climat d'animosité palpable. Les participants échangent des insultes, et les images enregistrées montrent des frappes, des rires et des coups, le tout dans une ambiance de mise en scène violente. En réponse à ces incidents, le parquet de Nice a ouvert une enquête pour violences volontaires en réunion et diffusion d’images d’atteintes volontaires à la personne.
Après la perquisition, du matériel informatique a été saisi et le local utilisé pour les diffusions a été placé sous scellés. Cette démarche représente une volonté claire de stopper ces représentations violentes sur Internet.
Des Violences Récurrentes en Direct
Aujourd'hui, l'affaire soulève des questions sur la nature des contenus diffusés. Les deux jeunes hommes, Owen et Safine, qui figuraient souvent aux côtés de Graven, avaient déjà été placés en garde à vue en janvier dernier pour des violences infligées à une personne vulnérable. Lors des obsèques de Graven, ils étaient présents, mais depuis, ils sont absents des nouvelles diffusions.
La chaîne jeanpormanove attirait une audience considérable, comptant près de 200 000 abonnés. Elle montrait depuis plusieurs mois des représentations d'humiliations et de violences subies par Graven, allant jusqu'à des tirs de paintball sans protection. Malgré la gravité de ces situations, les participants ont affirmé qu'il s'agissait de contenus scénarisés, avec des compensations financières importantes issues des dons des spectateurs attirés par ce type de contenu. « C'est des cascades », assure un participant à la nouvelle chaîne, cherchant à minimiser la portée violente de leurs activités.
Cette situation illustre l'ambivalence du monde du streaming. D'un côté, la quête d'un contenu divertissant ; de l'autre, le risque de sombrer dans des pratiques douteuses, voire dangereuses pour les participants. L'essor du streaming a entraîné une démocratisation de la création de contenu, mais à quel prix ? La ligne entre le divertissement et la violence se brouille, laissant les régulateurs face à un défi majeur à relever.