Liberté académique : un enjeu mondial amplifié par l'administration Trump

Le climat actuel de la liberté académique inquiète de nombreux chercheurs à travers le monde. Ces derniers jours, des voix s'élèvent pour dénoncer les attaques répétées contre la science et la recherche. Ce mardi, dans un climat de tension, des scientifiques ont exprimé leur inquiétude face à la menace qui pèse sur l'intégrité de l'enseignement et de l'investigation.

Les récentes décisions de l'administration Trump face à la science ont braqué les projecteurs sur un sujet qui, jusqu'à présent, n'attirait que peu d'attention du grand public. Ce climat de tensions profonds semble être le résultat d'une tentative de contrôle des leaders politiques sur des domaines qui devraient rester indépendants. La liberté académique, définie comme la capacité des universités et des chercheurs à se consacrer à la recherche sans ingérence, est de plus en plus compromise.

Une tendance alarmante à l'échelle mondiale

Il est décevant de constater que cette dérive n'est pas isolée aux États-Unis. Dans des régimes autoritaires tels que ceux de la Chine, de la Turquie ou de l'Iran, la liberté académique est systématiquement contournée. Des rapports émanant des Nations Unies et d'ONG pointent du doigt un effondrement de la protection des scientifiques à l'échelle mondiale. Les attaques se multiplient : ainsi, aux États-Unis, de nombreux chercheurs rapportent avoir essuyé pressions et désapprobations en raison de leurs travaux.

Le rôle crucial des financements publics

La question du financement public est centrale dans la discussion actuelle. Des réductions budgétaires touchent directement les instituts de recherche, menaçant les projets en cours. Ce phénomène est particulièrement visible en France, où des chercheurs ont déjà été contraints de chercher des financements externes, rendant leur travail dépendant des fluctuations des intérêts privés.

Mary E. Brunkow, une lauréate du prix Nobel, fait écho à ces inquiétudes. Lors d'une conférence, elle a rappelé que le financement gouvernemental était vital pour les avancées scientifiques. Les travaux récents en médecine et en santé publique illustrent clairement l'importance d'un soutien constant.

Une nécessité de réactions concrètes

Le récent rapport d'une mission sur la liberté académique pour France Universités, dirigé par Mathias Vicherat et Stéphanie Balme, fait état de la nécessité de protéger les chercheurs. Une série de propositions a été formulée pour renforcer cette immunité contre les atteintes, notamment en garantissant la protection des sources et en érigeant la liberté académique comme un principe juridique fondamental.

Des actions ponctuelles sont nécessaires, telles que l'amélioration de la loi pour mieux encadrer les attaques judiciaires contre les chercheurs, communément appelées « procédures-bâillons ». Il est urgent de insérer ces protections dans les textes législatifs afin d'opposer résistance à toute forme d'ingérence. La France doit continuer à se positionner comme un refuge pour scientifiques à risque.

Repositionner la France sur la carte scientifique

Pour éviter que la France ne suive la tendance inquiétante observée ailleurs, il est impératif de renforcer les moyens alloués à la recherche. Les 100 millions d'euros consacrés à l'initiative « Choose France for Science » doivent être mesurés à l'aune des coupes budgétaires dans le secteur de l'éducation et de la recherche.

L’intégrité et le travail neutre des scientifiques ne doivent jamais être subordonnés aux fluctuations politiques ou budgétaires. La création d'un milieu favorable à la recherche est cruciale pour le développement du savoir. Ce chemin commence par l'écoute des chercheurs, le soutien à la liberté académique et la construction d'une société ouverte et inclusive.

Mathias Vicherat est fondateur du cabinet Aurore Advisory et ancien directeur de Sciences Po Paris.