Face à Vladimir Poutine et Xi Jinping, l’Europe est en guerre... et elle ne le sait pas
Les récentes déclarations de plusieurs responsables politiques européens, notamment celles de Guido Crosetto, ministre de la Défense en Italie, mettent en lumière un sentiment croissant d'urgence face aux menaces perçues. Le sujet central est la guerre hybride à laquelle l'Europe se trouve confrontée, une sorte de conflit masqué que les dirigeants peinent à reconnaître pleinement. Ce constat est d'autant plus frappant que, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe a souvent été perçue comme un bastion de la paix et de la diplomatie, placée sous l'ombre d'une guerre imminente dont les caractéristiques sont désormais subtilement transformées.
EN BREF
- Les leaders européens doivent réaliser qu'ils sont en guerre contre des agressions hybrides.
- Guido Crosetto appelle à une action immédiate pour ne pas "anesthésier" les opinions publiques.
- L'Europe doit passer d'une posture pacifiste à une stratégie de dissuasion crédible.
Dans une ère où les bombes hybrides semblent tomber sans répit, Crosetto interpelle ses pairs sur le danger d'un apathie collective. « Si nous étions attaqués par des envahisseurs, nous ne nous contenterions pas de rester à la maison en espérant qu'ils s’en aillent », souligne-t-il, établissant ainsi un parallèle saisissant avec l’inaction observée à travers le vieux continent.
La nouvelle dynamique géopolitique doit inciter les gouvernements européens à repenser leur approche. Il semble que l'Europe ait du mal à concevoir sa condition d'agressée, dans un monde où les sociétés autocratiques, à l'image de la Russie et de la Chine, intensifient leurs hostilités. Ces réactions s’inscrivent dans un contexte où la perception de la démocratie, de la liberté et des droits humains constitue une menace aux yeux de ces régimes. Cette menace, que l’Europe ignore partiellement, devient de plus en plus tangible grâce à des actes qui frôle la guerre.
Le danger imminent d'une guerre silencieuse
Les leaders européens doivent donc éveiller les consciences face à cette guerre silencieuse qui prend des formes variées, allant des cyberattaques aux manipulations de l'opinion publique. L'ironie veut que ces pays, autrefois colonisateurs, soient aujourd’hui perçus comme des victimes face à des puissances qui exploitent cette image de paix pour masquer leurs intentions bellicistes.
Les Européens s'apparentent à l'ennemi aveugle dont parlait Pierre Desproges lorsqu'il affirmait que « l’ennemi est sot ; il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui ». En refusant de reconnaître leur statut de cible, ils mettent en péril non seulement leur sécurité, mais aussi les valeurs fondamentales qu’ils représentent.
Changer de paradigme : l'urgence d'une nouvelle posture
Pour faire face, l’Europe doit impérativement ajuster sa stratégie. Il s'agit de miser sur une dissuasion qui soit à la fois ferme et crédible, capable de contrer les ambitions croissantes des autocrates. Les puissances ennemies ne respectent souvent que la force ; une leçon qu’il est sans doute temps de réapprendre. Pour préserver la paix dans un environnement incertain, la préparation à la guerre devient prioritaire.
D’ici là, les discussions qui ont lieu à l’intérieur des instances politiques doivent revêtir une importance accrue. Avec un dialogue plus franc et une réelle volonté d'agir, l'Europe pourrait redéfinir son rôle sur la scène internationale. Des initiatives telles que les alliances militaires ou la collaboration en matière de défense pourraient vitaliser cette dynamique.
L'histoire nous enseigne que le refus d'agir, lorsque l'on est attaqué, ne mène qu'à des conflits prolongés, souvent devastateurs. Le moment est venu pour l’Europe de s’en rendre compte, d’ouvrir les yeux et de préparer la riposte à cette guerre, douce mais ô combien dense.