Le 13 octobre 2025, l’économiste Philippe Aghion a été honoré du prestigieux Prix Nobel d'Économie. Interrogé lors du journal de 20 heures de France 2, cet éminent chercheur a émis un cri d'alarme concernant la capacité d'innovation de la France et de l'Europe. Il a souligné le danger de rester en retrait face aux avancées technologiques des États-Unis et de la Chine.
EN BREF
- Philippe Aghion, prix Nobel d'économie, appelle à revitaliser l'innovation en Europe.
- Il s'oppose à la réforme des retraites et plaide pour une suspension jusqu'aux élections présidentielles.
- Opposition à la taxe Zucman pour préserver l'innovation en France.
Philippe Aghion a marqué les esprits en déclarant qu'« l'Europe doit se réveiller ». Il estime que l’inaction pourrait conduire à un déclin inévitable si l’innovation ne devient pas une priorité pour les pays européens. Selon lui, depuis les années 1990, l'Europe a perdu du terrain face à des concurrents comme les États-Unis et la Chine, qui sont devenus des pilonnes de l'innovation de rupture, tandis que l'Europe est restée ancrée dans des innovations « incrémentales ». Ce constat implacable soulève une question cruciale : l'Europe peut-elle encore rattraper son retard ?
Aghion fait remarquer que l'Europe dispose de nombreux atouts : des chercheurs compétents, une excellente éducation et un savoir-faire reconnu. Il insiste sur le fait que le soft power de l'Europe - à savoir ses valeurs démocratiques et son modèle social - pourrait attirer de nombreux talents du monde entier. Toutefois, une révision en profondeur de la doctrine économique européenne s'impose pour qu'elle devienne efficace et incitative.
Au cours de l'entretien, le débat sur la réforme des retraites a également été soulevé. Philippe Aghion a exprimé une opinion tranchée : il appelle à « arrêter l'horloge maintenant » en ce qui concerne les réformes des retraites, suggérant que le seuil actuel de 62 ans et 9 mois devrait être maintenu jusqu'aux prochaines élections présidentielles. Il estime que cette suspension pourrait permettre de calmer les tensions sociales qui entourent ce sujet controversé.
« Cela ne coûte pas très cher d'arrêter, » a-t-il ajouté, tout en précisant que cette démarche ne signifie pas l'abandon de la réforme, mais plutôt une pause nécessaire pour permettre un débat réfléchi et constructif. Le consensus semble possible, même parmi des membres de l’opposition, qui pourraient voir dans cette proposition une opportunité de régler les désaccords actuels sur les retraites.
En ce qui concerne la fiscalité, Philippe Aghion s’est également opposé à la fameuse taxe Zucman, mettant en avant que cette imposition pourrait freiner l'innovation. Selon lui, un effort doit être fait de la part des plus hauts patrimoines, mais il ne faut pas entraver « l'outil productif » de ceux qui cherchent à innover. Une taxation excessive, spécialement dans un secteur aussi dynamique que celui de l’intelligence artificielle, pourrait de facto diminuer la compétitivité des entreprises françaises sur la scène mondiale.
La vision de Philippe Aghion est claire : la France et l'Europe doivent réévaluer et ajuster leur approche face aux évolutions rapides de la technologie. Il appelle à sortir de cette “rigidité” qui freine l'innovation tout en préservant les valeurs sociales qui fondent notre société. Établir un écosystème favorable à l'innovation est, selon lui, indispensable pour sortir l'Europe de la torpeur technologique et contrer le sereinement le déclin.
Ce discours ne fait pas que soulever des questions économiques pressantes ; il invite chacun de nous à réfléchir sur notre modèle de société et sur ce que nous sommes prêts à faire pour garantir un avenir compétitif et prospère.