Home ActusNews Reconnaissance de l'État de Palestine : entre symbole fort et timing contesté selon la presse

Reconnaissance de l'État de Palestine : entre symbole fort et timing contesté selon la presse

by Matthieu Dourtou
Palestinian Statehood: Symbolism vs. Timing in Media Perspectives

Emmanuel Macron a formulé la promesse dès juillet, mais c’est ce 22 septembre qu’il va procéder à l’annonce tant attendue. Devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York, la France reconnaîtra officiellement l’existence d’un État palestinien. Cette reconnaissance marque une avancée diplomatique importante, accompagnée par neuf autres pays occidentaux, parmi lesquels figurent des nations comme le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et le Portugal. D'autres pays, tels qu’Andorre, la Belgique, le Luxembourg, Malte et Saint-Marin, ont également décidé de suivre cette initiative.

EN BREF

  • La France annonce la reconnaissance de l'État palestinien lors de l'Assemblée générale de l'ONU.
  • Cette décision s'inscrit dans une dynamique soutenue par plusieurs pays occidentaux.
  • Les réactions au sein de la presse internationale varient considérablement, oscillant entre optimisme et prudence.

Près de 150 États membres de l'ONU avaient déjà reconnu l’État de Palestine, mais les États-Unis demeurent le seul membre permanent du Conseil de sécurité à faire front contre cette reconnaissance. Au fil des mois, certains pays occidentaux avaient, discrètement et en réponse à l'intensité des conflits, commencé à valider l'idée d'une Palestine sur la scène internationale. Ainsi, le 7 octobre a marqué un tournant, mais l’élan semble encore délicat à orchestrer.

La couverture médiatique de cet événement a été massive, accentuant un tournant diplomatique d’envergure. C’est l’opinion que se font plusieurs grands titres de la presse étrangère et qui mérite d’être éclairée ici. Leur analyse fait ressortir une diversité de réactions, allant d'une mission pressante à une mesure qui semble dérisoire face à l'ampleur du conflit israélo-palestinien.

"La reconnaissance ne doit pas être un moyen de se donner bonne conscience", pour le Guardian

Au Royaume-Uni, le Guardian adopte un ton modéré, appelant à une véritable action plutôt qu’à une simple approbation morale. Un éditorial met en garde contre l’utilisation de cette reconnaissance comme un geste symbolique sans suite. Une interrogation latente plane également sur la capacité de cette mesure à influencer la dynamique diplomatique mondiale, et notamment la réaction de Benyamin Netanyahou.

En effet, ce dernier a déjà réagi à l’intention des pays occidentaux à reconnaître la Palestine. "Nous avons doublé la population juive en Judée-Samarie et nous poursuivrons sur cette voie", déclare-t-il, affirmant que sa réponse à cette tentative d’imposition d’un État « terroriste » sera donnée après son retour des États-Unis.

"Une symbolique forte", pour la BBC

Un contrepoint intéressant est apporté par la BBC, qui souligne que, bien que symbolique, cette reconnaissance comporte une forte charge morale et politique. Dans le contexte britannique, Keir Starmer bénéficie d’un soutien populaire, même si des critiques fusent à l’international, y compris de la part de l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis qui a qualifié ses actions d'« irresponsables ».

"L'Allemagne est sur la corde raide", selon la Deutsche Welle

En Allemagne, la situation est d'autant plus délicate. Le pays, compte tenu de son histoire, fait face à des tiraillements internes. Le gouvernement désireux d'aller vers une solution à deux États est perçu comme hésitant à reconnaître formellement un État palestinien et doit naviguer soigneusement entre un soutien populaire croissant et une tradition de soutien inconditionnel à Israël. Comme le note la Deutsche Welle, les critiques estiment que les critères avancés par Berlin pour justifier son refus sont irréalistes.

"Cette décision envoie un message aux pays occidentaux", pour Corriere della Serra

S’étendant à l’Italie, le Corriere della Serra s’interroge également sur cette démarche, soulignant que celle-ci pousse les pays occidentaux à réfléchir sur leurs rôles respectifs en matière de diplomatie. L’Italie paraît réticente, le ministre des affaires étrangères Antonio Tajani ayant préalablement déclaré qu’un État palestinien ne serait accepté que sous certaines conditions, notamment une reconnaissance mutuelle avec Israël.
Des manifestations à travers le pays soutiennent cette cause, illustrant la volonté populaire d’instaurer un changement.

"Un pas nécessaire mais pas suffisant", pour Le Soir

En Belgique, le journal Le Soir évoque cette reconnaissance comme un "pas nécessaire, mais pas suffisant". Ce point de vue partage une inquiétude similaire à celle de nombreux analystes : l’urgence de mettre fin aux violences terriblement récurrentes doit être couplée à une approche pragmatique. Pendant ce temps, les manifestations de soutien à la Palestine continuent d'affluer dans plusieurs villes, mettant en lumière une pression croissante sur les gouvernements européens.

Parallèlement, du côté espagnol, le quotidien El País rappelle que la reconnaissance de l'État palestinien contribue à renforcer l’isolement des États-Unis et d’Israël. Dans le même temps, il dénonce la politique américaine qui refuse les visas aux représentants palestiniens, réduisant ainsi leur présence sur la scène diplomatique.

En somme, cette décision, bien qu'historique, s'intègre dans un contexte complexe et trouble. Ce premier pas pourrait bien être le début d'un long processus délicat et nécessaire. Reste à espérer qu'il s'accompagne d'initiatives véritables pour endiguer la violence et bâtir un avenir commun.

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