Le parquet de Rennes a prononcé, ce jeudi 4 décembre, le classement sans suite de quatre plaintes déposées par des manifestants blessés lors d'une manifestation interdite à Sainte-Soline, en mars 2023. Toutefois, une information judiciaire a été ouverte concernant des "tirs tendus" de grenades, une pratique jugée illégale.
EN BREF
- Le classement sans suite concerne quatre plaintes de manifestants blessés.
- Une information judiciaire a été ouverte pour des "tirs tendus" de grenades par les gendarmes.
- Evelyne Sire-Marin, vice-présidente de la LDH, appelle à une instruction judiciaire complète.
Ce samedi 25 mars 2023, le rassemblement à Sainte-Soline a dégénéré, entraînant une violente confrontation entre les forces de l'ordre et les manifestants. Selon les chiffres, près de 200 manifestants ont été blessés, dont trois grièvement, tandis qu'environ une quarantaine de gendarmes ont également subi des blessures. Dans ce contexte, Evelyne Sire-Marin, vice-présidente de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et magistrate honoraire, a évoqué sur Franceinfo la nécessité d'une enquête judiciaire pour faire toute la lumière sur ces événements.
Dans ses déclarations, elle a souligné la nécessité d'évaluer l'ensemble des faits : "Il faut ouvrir dans ces cas-là une instruction judiciaire pour apprécier la globalité des faits." Dans une société démocratique, la protection des droits des manifestants doit être égale à celle des forces de l'ordre. Cependant, Sire-Marin a observé une disproportion dans le traitement des dossiers de violence policière, illustrant une culture de l'impunité qui semble favoriser les gendarmes en cas de désordre public.
Les plaintes déposées par les manifestants concernaient des accusations de violences aggravées. Ces plaintes ont été classées sans suite, tandis que le parquet a décidé d'ouvrir une information judiciaire exclusivement sur les "tirs tendus", récusant ainsi d'autres éléments de l'affaire. Pour Sire-Marin, ce segment de l'enquête ne suffira pas : "Lorsque des policiers ou gendarmes sont blessés, la justice se mobilise immédiatement, mais ici, nous sommes face à un traitement disparate." Elle évoque une tendance à fragmenter les dossiers, un phénomène qu'elle désigne par le terme "saucissonnage", qui nuirait à la comprehension aérienne des événements.
L’exigence d’une enquête intégrale s’accompagne d’une demande pour une indépendance accrue des organes d’enquête. Sire-Marin plaide pour que les enquêtes portant sur les violences policières soient confiées à des services complètement indépendants afin d'assurer la crédibilité du processus judiciaire. Elle insiste sur l'importance de garantir que les enquêtes soient menées par des instances sans lien avec les forces de l'ordre impliquées.
En somme, ce dossier soulève des questions fondamentales sur la gestion des violences policières et sur le respect des droits fondamentaux dans un état de droit. Face à des événements qui touchent les fondements mêmes de notre démocratie, il est essentiel d’exiger transparence et responsabilisation des acteurs de la justice et des forces de l’ordre.