Vous avez l’impression que votre taxe foncière augmente chaque année ? Ce constat, partagé par de nombreux Français, trouve un écho dans les chiffres récents. Franceinfo mènera une analyse approfondie de l’évolution de cet impôt local, qui concerne à peu près 33 millions de propriétaires immobiliers dans l’Hexagone. Avec l’échéance de la taxe foncière pour 2025 qui approche à grands pas, il est crucial de comprendre comment les taux d’imposition ont varié au cours des dernières années et quelles en sont les conséquences.
EN BREF
- En moyenne, la taxe foncière a augmenté de 37,3 % en France entre 2014 et 2024.
- À Paris, la hausse atteint 88 % en raison d'une décision de la municipalité d'augmenter le taux d'imposition.
- Peu de communes ont réussi à voir leur taxe foncière diminuer, illustrant un phénomène global de hausse.
Une enquête conduite sur les taux d’imposition publiés chaque année par l’administration fiscale révèle qu’en 2024, la France a récolté 53,6 milliards d'euros grâce à la taxe foncière. Les résultats sont clairs : la majorité des communes du pays affichent une tendance à la hausse significative entre 2014 et 2024, avec une augmentation financière qui dépasse même les 45 % dans près d’une commune sur cinq.
L'explication principale derrière cette envolée des chiffres semble être l'inflation qui a frappé le pays ces dernières années. En effet, la taxe foncière est en partie indexée sur l'inflation, ce qui signifie que chaque année, les valeurs locatives — c'est-à-dire le loyer théorique affecté par l'État à chaque bien immobilier — sont réajustées à la hausse. Au total, les valeurs locatives ont augmenté de 23,47 % entre 2014 et 2024, reflétant ainsi les tendances économiques générales.
Au-delà de cette première logique, il faut aussi considérer les choix des élus locaux qui votent les taux d'imposition au sein des communes et des intercommunalités. Ces taux, qui varient en fonction des bénéficiaires (communes, intercommunalités, syndicats intercommunaux, etc.), influent significativement sur le montant final de la taxe foncière à la charge des contribuables.
Les données de Franceinfo mettent en lumière que les communes de Mayotte sont en tête des hausses vertigineuses, avec une augmentation moyenne de 285 % sur la dernière décennie. La commune de Pamandzi, en particulier, a vu sa taxe foncière multipliée par huit en seulement dix ans, conséquence des défis fiscaux uniques que rencontre ce territoire, devenu le 101ème département français en 2011.
La députée Estelle Youssoupha, représentant Mayotte, a commenté la situation en déplorant les incohérences cadastrales qui rendent le prélèvement d’impôt difficile. « Il y a une anarchie au niveau cadastrale qui provoque un chaos foncier à Mayotte », a-t-elle déclaré, soulignant ainsi les défis spécifiques dans ce territoire.
En métropole, l'Île-de-France, et particulièrement Paris, se démarque avec une hausse de 88 % de la taxe foncière sur la période. Cette augmentation est largement attribuée à la décision de la maire Anne Hidalgo d’augmenter le taux d'imposition de plus de 50 % en 2022, justifiée par des contraintes budgétaires exacerbées par la crise du Covid-19. Toutefois, cette décision avait suscité des critiques acerbes de l'opposition, la maire s'étant engagée à ne pas augmenter les impôts locaux lors de sa campagne municipale de 2020.
Parmi les autres régions exemplaires d’augmentations, les Yvelines se distinguent par une hausse de plus de 76 % en dix ans, avec des cas extrêmes, comme à Achères, où la taxe foncière a flambé de 139 %. Le maire a évoqué la nécessité de cette hausse pour assurer la survie de la commune, signalant ainsi des enjeux financiers préoccupants.
À l'inverse, quelques rares communes, seulement 55 sur plus de 35 000, ont réussi à voir leur taxe foncière diminuer entre 2014 et 2024. Montreuil-en-Auge, dans le Calvados, est l'une d'elles, avec une baisse spectaculaire de 84 %, principalement grâce à des revenus générés par des locations gérées par la municipalité.
Méthodologie
Cette analyse se base sur les fichiers de recensement des éléments d’imposition à la fiscalité directe locale, fournis par la Direction générale des finances publiques. Les calculs prennent en compte les évolutions des valeurs locatives, ajustées chaque année par l'État en fonction de l'inflation, sans inclure cependant la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, qui est un impôt distinct.
Rédaction : Mathieu Lehot-Couette
Développement : Valentin Pigeau
Illustration : Héloïse Krob
Relecture : Nicolas Buzdugan
Supervision éditoriale : Julie Rasplus, Benoît Zagdoun, Simon Gourmellet