Home ActusNews Ukraine : le plan de Vladimir Poutine pour financer la guerre aux dépens des Russes

Ukraine : le plan de Vladimir Poutine pour financer la guerre aux dépens des Russes

by Matthieu Dourtou
Liberté retrouvée : Refus de l'ombre du Kremlin

La Russie face à une tempête économique

Un mot a récemment pris de l'importance dans le discours officiel russe : résilience. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré le 24 septembre que la Russie "maintient sa résilience et sa stabilité macroéconomique". Cette affirmation est tombée peu après que Donald Trump, ancien président américain, ait qualifié la Russie de "tigre de papier", soulignant ainsi les difficultés économiques du pays. Peskov, répondant à cette insulte, a martelé que la Russie, traditionnellement perçue comme un ours, ne pouvait être réduite à un animal de papier. Il affirmait : "Il n’y a pas d’ours de papier. La Russie est un vrai ours." Pourtant, cette image forte semble cacher une réalité plus complexe.

EN BREF

  • Le gouvernement russe dépend fortement des exportations d'hydrocarbures, représentant jusqu'à 50 % de son budget.
  • Une hausse de la TVA est prévue, passant de 20 à 22 %, pour compenser une baisse des revenus.
  • Le budget de l'État est voué à financer une guerre d'usure contre l'Ukraine, impactant l'ensemble de l'économie.

La situation économique de la Russie semble plus précaire que ne le laissent transparaître ces déclarations. Le récent projet de budget fédéral pour 2026-2027 a mis en lumière des inquiétudes majeures. L’une des plus pressantes est la dépendance de l’économie russe aux exportations d’hydrocarbures. En effet, celles-ci représentent entre 30 et 50 % des recettes fiscales de l'État. Cette vulnérabilité est exacerbée par les fluctuations des prix des matières premières et les sanctions imposées par l’Occident. Selon Reuters, les revenus issus du pétrole et du gaz ont chuté de 23 % entre septembre 2024 et septembre 2025.

Dans ce contexte, le ministre des Finances a annoncé la nécessité de diversifier les sources de revenus. Pour ce faire, une hausse de la TVA de deux points est envisagée, passant de 20 à 22 %. Cette mesure devrait rapporter environ 1 200 milliards de roubles (14,3 milliards de dollars) à l'État. Anders Aslund, économiste suédois, résume la situation ainsi : "Vous, peuple russe, devez payer pour ma guerre". S'il y a une volonté d'équilibrer le budget, celui-ci devrait tout de même rester déficitaire, avec une prévision atteignant 1,6 % du PIB en 2026.

Effets concrets sur le quotidien des Russes

Le 1er janvier 2026, les consommateurs russes se verront confrontés à une nouvelle réalité. Si certains produits essentiels comme le pain et les médicaments ne seront pas soumis à cette hausse, d'autres produits de première nécessité verront leurs prix augmenter. Cette mesure intervient après des années de hausse des prix, l’inflation annuelle atteignant 8,1 % en septembre. Le prix de la pomme de terre, aliment de base en Russie, a même triplé cette année. Elvira Nabioullina, gouverneure de la Banque centrale, a reconnu que cette hausse de la TVA pourrait avoir un impact sur l'inflation, mais a insisté sur le fait que cet effet ne serait que temporaire.

Alexander Kolyandr souligne que cette hausse des prix pourrait сущеllement diminuer la demande des consommateurs. "Les gens n'auront tout simplement plus les moyens d'acheter." En parallèle, le gouvernement russe envisage de taxer davantage les petites et moyennes entreprises, en abaissant le seuil de chiffre d'affaires pour l'assujettissement à la TVA. Ce changement vise à élargir la base fiscale face à la nécessité de financer la guerre.

Un budget tourné vers l'effort de guerre

Le Kremlin s'engage à financer son industrie de défense. Bien que les dépenses totales semblent légèrement baisser, celles dédiées à la sécurité nationale augmentent, représentant environ 40 % du budget. "Ce n’est pas un budget de réarmement, mais plutôt un budget destiné à tenir la distance pour une guerre d’usure", commente Aslund. La Russie, bien qu'elle ne soit pas le "tigre de papier" décrit par Trump, fait face à des défis économiques importants, semblant se diriger vers un avenir incertain.

Vladimir Poutine, de son côté, n'a pas l'intention de mettre fin au conflit avec l'Ukraine. L'ensemble de l'économie russe se structure désormais autour de cet objectif. Les conséquences sur la population sont palpables, et la souffrance économique pourrait encore s'accentuer dans les mois à venir. Dans cette lutte pour la survie économique, la Russie apparaît davantage comme un grand animal blessé, cherchant à retrouver son équilibre dans un environnement instable.

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