La France attire des chercheurs fuyant les États-Unis
Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, plusieurs pays, dont la France, ont mis en place des initiatives pour attirer des chercheurs, parmi lesquels un nombre croissant décide d'émigrer pour fuir un climat scientifique devenu hostile. C'est le cas du chercheur italien Matthias Preindl, spécialiste en conversion d'énergie, qui a choisi de rejoindre l'école d'ingénieur CentraleSupélec en région parisienne.
EN BREF
- Plus d'une trentaine de chercheurs américains ont choisi la France comme nouveau lieu de recherche.
- Les politiques de financement de la recherche aux États-Unis soumises à controverse incitent les scientifiques à partir.
- Matthias Preindl, spécialiste en conversion d'énergie, expose les défis de son domaine depuis son arrivée à CentraleSupélec.
La France a été choisie par plus d'une trentaine de chercheurs qui préfèrent y poursuivre leurs travaux plutôt qu'aux États-Unis. Ce choix s'explique par un climat scientifique de plus en plus tendu aux États-Unis, nourri par les attaques répétées du gouvernement de Donald Trump contre la communauté scientifique. Matthias Preindl, qui a récemment fait le saut, l'illustre parfaitement.
Âgé de 38 ans, ce scientifique a accompagné sa réflexion d'une question essentielle : est-ce le bon moment pour quitter une carrière bien établie à l'étranger ? Après avoir travaillé pendant treize ans dans des universités prestigieuses comme Columbia et Berkeley, Preindl a décidé qu'il était temps de tourner une page. "Oui, c'était le bon moment", confie-t-il. La France, et notamment l'école CentraleSupélec, lui apparaissent comme un terrain propice à la recherche.
Spécialisé dans la conversion d'énergie et l'électrification des systèmes de transport, Preindl fait face à un domaine fondamental pour lutter contre le changement climatique. Ce qui est ironique, c'est que cet engagement est fortement minimisé par Donald Trump, qui a qualifié le changement climatique de "plus grande arnaque jamais menée contre le monde". Les coupes budgétaires dans la recherche sont alarmantes, avec des millions de dollars en moins pour la science.
Au-delà des enjeux politiques, Preindl souligne que son départ s'inscrit aussi dans un changement de paradigme concernant le financement de la recherche. "Il y a de nouveaux défis et de nouvelles questions qui se posent", affirme-t-il. Il évoque l'émergence de centres de données, qui nécessitent des besoins énergétiques énormes pour fonctionner, équivalents à ceux d'une centrale nucléaire. La recherche pour rendre ces infrastructures durables est devenue plus cruciale que jamais.
En réponse à cette dynamique, plusieurs initiatives ont été mises en place pour attirer des scientifiques, comme "Choose France for Science" ou "Safe place for Science", stratégie adoptée spécifiquement par CentraleSupélec. Selon des statistiques récentes, le ministère de la Recherche a révélé que 33 chercheurs américains ont déjà exprimé leur souhait de s’installer en France. Deux d'entre eux sont désormais sur le campus d’un établissement qui aspire à devenir un pôle d’attraction pour les scientifiques.
Matthias Preindl fait partie de cette vague de chercheurs attirés par un écosystème scientifique stable et propice aux innovations. Son choix attire l'attention sur une tendance : un mouvement de retour vers des institutions quifassent preuve de soutien et de reconnaissance vis-à-vis de la science et de ses enjeux contemporains.
Face à un environnement international de plus en plus complexe, la France semble renforcer son attractivité par sa volonté de soutenir ses scientifiques et d’accueillir ceux qui souhaitent fuir des systèmes de recherche moins favorables. La prochaine décennie s'annonce riche en engagements et en collaborations pour ces chercheurs qui, comme Preindl, ont fait le choix d'une nouvelle vie professionnelle à l'étranger.