Des traces d’hexane, un dérivé du pétrole, ont récemment été détectées dans plusieurs aliments courants tels que le lait, le beurre, les huiles et le poulet. Cette découverte soulève de nombreuses questions : comment est-ce possible ? Est-ce réellement dangereux pour la santé ? Cet article propose d’explorer ce sujet de manière approfondie.
EN BREF
- Des résidus d'hexane retrouvés dans des aliments courants.
- 36 produits de grande distribution contiennent de l'hexane, selon Greenpeace.
- Appel à plus de transparence sur les étiquettes par les députés.
Chaque recette familiale a son ingrédient secret, tout comme les industriels qui manient l’hexane. Utilisé comme solvant pour extraire des huiles, ce produit reste pour beaucoup méconnu du grand public. Dans une enquête diffusée par l’Œil du 20 Heures, il est expliqué que les fabricants d’huile, tout en prônant la naturalité de leurs processus, sont discrets sur l'usage de l'hexane, un solvant issue du pétrole aux propriétés inquiétantes.
Les procédés de fabrication, tels que promus par l’un des grands groupes comme Avril, semblent idylliques. Ils évoquent la trituration des matières grasses, mais omettent souvent de mentionner les étapes où l'hexane entre en jeu. Ce dernier, au contact des graines oléagineuses, permet d’extraire une quantité supplémentaire d'huile. Toutefois, en théorie, une fois les tourteaux protéinés, destinés à l'alimentation animale, obtenus, l’hexane devrait être éliminé.
Dans une analyse menée par l'ONG Greenpeace, sur 56 produits de la grande distribution testés, 36 contenaient des traces d'hexane. Bien que ces niveaux demeurent inférieurs aux limites permises par la réglementation actuelle, il est à noter que ces normes, vieilles de près de 30 ans, sont en cours de réévaluation au niveau européen.
Richard Ramos, député à l’origine d’une mission d’information sur l’hexane, a exprimé son inquiétude. Son appel à un changement de législation vise à accroître la transparence sur les étiquettes alimentaires. Selon lui, il apparaît incompréhensible que les consommateurs ne soient pas informés de la présence de produits tels que l’hexane, qui, bien que considéré comme un auxiliaire alimentaire, ne figure pas sur tous les emballages.
Richard Ramos, député : "Il faut informer le consommateur sur ce qu'il mange."
Les inquiétudes ne se limitent pas aux huiles. Des résidus d’hexane ont également été trouvés dans des produits alimentaires variés, dont le lait, le poulet, le beurre et même le lait infantile. Un ingénieur de l’industrie a souligné que la transmission de l’hexane pourrait se faire via les aliments destinés à l'élevage, notamment les tourteaux traités avec ce solvant. “La question a été négligée”, admet-il, tout en exprimant ses réserves sur l'impact d'une telle révélation sur l’opinion publique.
Face à ces préoccupations, les industriels, sollicités pour des commentaires, se sont abstenus d'interview. Ils ont toutefois sous-entendu, par la voix de Hubert Bocquelet, délégué général de la Fédération nationale des corps gras (FNCG), que les résidus d'hexane présents dans les produits analysés ne posaient pas de risque pour la santé des consommateurs, affirmant que les niveaux étaient en deçà des seuils réglementaires.
Toutes les marques où de l’hexane a été détecté se sont engagées à se conformer aux nouvelles normes européennes si celles-ci venaient à changer. La réponse devrait être connue d’ici 2027, période durant laquelle l’attention des consommateurs sur les pratiques alimentaires pourrait s’intensifier.
La révélation de la présence d’hexane dans nos assiettes illustre à quel point la transparence au sein de l’industrie agroalimentaire est cruciale. Alors que les consommateurs deviennent de plus en plus exigeants concernant les ingrédients de leurs aliments, une réforme pourrait être nécessaire pour garantir une pleine information sur les étiquettes. La santé et la confiance des consommateurs dépendent en grande partie des choix que nous faisons aujourd’hui.